Après un hiver météorologique mal arrosé, ce mois de mars devient décisif pour les agriculteurs algériens qui craignent un retour aux années blanches qui viendra aggraver leur situation déjà tondue par la cherté inédite des prix des intrants agricoles, notamment ceux des pesticides, des engrais, des grains et des produits phytosanitaires en général.
En réalité, c’est entre la fin de l’automne et l’hiver que les précipitations sont dites efficaces, c’est-à-dire qu’elles servent essentiellement à alimenter les cours d’eau et les nappes phréatiques qui vont servir de réserves au cours de la prochaine saison chaude. Entre novembre et le début du mois de mars, la végétation est en dormance et les besoins en eau sont très faibles. A partir du printemps, les températures augmentent rapidement et la végétation repart. Les précipitations vont donc de moins en moins s’infiltrer vers les nappes phréatiques mais servir à répondre aux besoins en eau croissants des plantes et des cultures. La pluie est donc décisive à cette période charnière de l’année..
Pour le moment, le constat est presque commun chez tous les agriculteurs : l’année 2022 s’annonce peu prometteuse au vu des aléas climatologiques et des tensions géopolitiques qui compliquent davantage le système des échanges commerciaux, ceci d’autant que les pouvoirs publics ne prévoient aucun plan de sauvetage.
A vrai dire, il reste étonnant que pendant que lechef de l’état n’a eu de cesse d’insister sur la souveraineté alimentaire,aucune consultation n’avait été initiée afin de mettre en place des solutions techniques et assurancielles pour que nos agriculteurs puissent mieux faire face aux aléas induits par le dérèglement climatique.
Certes, le gouvernement sur instruction du président de la république s’est déployé pour débloquer force est de constater que sans mêmelancer une quelconque consultation, la principale piste retenue par le gouvernement est celle du recours à l’irrigation pour aider les agriculteurs à faire face à de plus fréquentes et plus longues périodes de sécheresses intenses. Avec de surcroit un engagement de subventionner plus largement leur accès à l’assurance-récolte.
Pour les responsables du secteur agricole, l’irrigation et les assurances-récoltes restent les deux principales mesures permettant aux agriculteurs de faire face aux conséquences du faible niveau de pluviométrie à défaut d’autres palliatifs.
A v rai dire il est légitime de ce demander pourquoi d’autres solutions qui soient moins coûteuses, plus respectueuses de l’environnement et plus efficaces pour la résilience des revenus paysans, n’ont pas réussi à retenir l’attention du Ministère de l’agriculture qui empiète au passage sur un domaine qui est théoriquement de la compétence du département du professeur Benattou Ziane, ministre de la Transition énergétique et des Energies Renouvelables.
Certes, l’irrigation reste, en toutes circonstances,essentielle dans la mesure où celle-ci peut contribuer à accroître les rendements à l’hectare et sauver bien des récoltes en cas de canicules et de grands déficits pluviométriques. Cependant il reste tout aussi sensé d’en évaluer à chaque fois les coûts éventuels en termes monétaires, en consommations d’énergies fossiles, en érosion de la biodiversité, sans omettre les autres usages qui pourraient être faits de l’eau en question et ne peuvent plus l’être quand cette dernière est mobilisée pour l’irrigation.
Dans la pratique, il reste vrai judicieux de destiner l’irrigation à des cultures de fruits et légumes qui sont moins exigeantes en eau que des céréales ou oléagineux (tournesol, colza, etc.) qui transpirent davantage tout au long de leurs cycles.