Malgré les troubles qui secouent le royaume depuis des mois, le Premier ministre marocain est maintenu à son poste par Mohamed VI. La question qui se pose est évidemment : pourquoi ? Mieux encore, Aziz Akhannouch a été réélu, samedi à Rabat, président du Rassemblement national des indépendants (RNI) pour un nouveau mandat. De ce fait, il se retrouve cumulant trois casquettes, chef de son parti, maire d’Agadir et Premier ministre.
Ce curieux « plébiscite » se passe alors que les transporteurs de voyageurs et de marchandises au Maroc entameront à partir de demain une grève générale de 72 heures renouvelable en vue de contester la non-satisfaction de leurs revendications par la tutelle, concernant la révision à la baisse des prix des carburants (dont Akhennouch est un des gros patrons du secteur privé) et le refus du dialogue avec les syndicats du secteur.
Dans un communiqué, les syndicats du secteur (CDT, UMT, UGTM, FDT et UNTM), ont déclaré que ce mouvement intervient en « réaction à la politique de la sourde oreille adoptée par le gouvernement face aux revendications des transporteurs (subissant) la crise profonde impactant le secteur après la flambée vertigineuse des prix des carburants et la fermeture des voies du dialogue ».
Le 1er mars 2022, un rapport explosif du « Mouvement citoyen Damir » dévoile des documents qui confirment que par « manque d’ambition », Aziz Akhannouch ferait perdre 475 milliards de dirhams au Maroc.
Les tensions sociales ne font qu’exacerber la société, qui, pour le moment, agit dans la rue et via les réseaux sociaux. Parfait indicateur social, un hashtag tourne en boucle chez les internautes marocains dans toutes les langues parlées au royaume : « Akhennouch get out » ; de même, 6 millions de Marocains ont liké la vidéo de la députée marocaine Mayssa Salama Ennaji, porte-voix du front anti-Akhannouch, un discrédit sans précédent qui lui est porté au sein de l’Assemblée ; alors que la réactivation de cellules terroristes (trois d’entre elles ont été démantelé au royaume depuis la normalisation avec Israël) se confirme. Ajouter à tout cela, le flop du gazoduc Nigeria-Maroc-Europe, l’invitation du Sahara occidental au Sommet UE-UA, l’effet « retour de flammes » des relations Rabat-Tel Aviv avec des prêches islamistes enflammées dans les mosquées du nord, etc. Malgré tout cela l’homme tient bon. Du moins jusqu’à maintenant. Mais combien de temps tiendra-t-il encore ?
Homme des hautes loges marocaine, affilié au GODF, il sait utiliser ses réseaux qui agissent comme un Etat dans l’Etat, bien huilés et intégrés dans les sphères du pouvoir : le Palais, le Makhzen et la DGED, dont il a été toujours proche (ce qui explique ses 20 années dans l’ « agriculture », impliquant la gestion des saisies de haschisch, ainsi que sa longue emprise sur les hydrocarbures dans la sphère privée du royaume).