Jamais le continent européen n’a connu une telle situation depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945.
L’Europe, forte de l’appui de l’oncle Sam, a vécu une période faste longue de près 80 ans et cela au détriment des autres continents qui ont vécu pour leur part une période faite de guerre, de « coups d’État », de misère et de privation.
L’ordre mondial tel que pensé par l’alliance américano-européenne est pourtant en train d’être remis en cause par la Russie et de nombreux autres pays en puissance qui n’arrivent plus à admettre cette hégémonie occidentale, ce règne sans partage des richesses de cette planète et cette gestion des affaires du monde.
L’Occident découvre subitement en Ukraine ce que vivent des centaines de millions de personnes dans le reste du monde, en particulier en Afrique, maintenue dans un statut de « mineur » depuis toujours et dont les richesses ont été spoliées par ces « démocraties » à l’origine de la mort ou du massacre de populations entières sur le continent noir.
La Russie, qui a tempéré ses ardeurs et passé l’éponge sur de nombreuses injustices, vient de donner à l’Occident une magistrale leçon de grammaire stratégique.
La maîtrise de l’escalade est un concept clé en matière de dissuasion qui avantage systématiquement celui qui en bénéficie. Les USA et l’OTAN en ont usé et abusé depuis de nombreuses décennies. L’asymétrie des intérêts y tient une place prépondérante comme l’illustre la crise actuelle. En faisant de l’Ukraine un enjeu de sécurité quasi vitale pour la Russie, Vladimir Poutine semble arroser les arroseurs occidentaux. Ces derniers découvrent enfin le droit international en Ukraine, bafoué, faut-il le préciser en Irak, En Afghanistan, en Palestine, à Cuba, au Yémen ou en Libye.
Même si le choix de la guerre est toujours mauvais à cause des victimes innocentes et des dommages collatéraux, il n’en demeure pas moins qu’une fois acculé, l’homme se cabre et verse dans la violence pour tenter de survivre.
En fait, la réaction de la Russie était prévisible du moment où l’OTAN et les Etats-Unis prévoyaient de mettre l’Ukraine sous tutelle (comprendre par là acculer la Russie dans son dernier rempart). Ce n’était en fait qu’une question de temps.
Pourtant Moscou n’a eu de cesse ces derniers mois de montrer que toutes les options étaient effectivement sur la table et que l’avancée de l’OTAN sur une ancienne république de l’Union soviétique était inadmissible. Les dirigeants européens, ou pour être plus exact, les analystes de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord ont vu, semble-t-il, tout faux en affichant leur mépris à l’endroit d’un pays qui dispose du plus important feu nucléaire sur cette planète.
La situation actuelle est extrêmement dangereuse. L’ordre mondial que nous connaissons est remis en cause.
L’Union européenne et ses États membres qui se targuent de « puissance normative » sont désormais mis devant une nouvelle réalité, celle d’un nouvel ordre mondial.