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L’Europe, un nain géostratégique

Depuis une année et demi la Russie a tranquillement préparé sa guerre en se finançant à l’aide des recettes gazières des pays d’Europe. Lorsqu’un Européen allume son chauffage au gaz ou sa gazinière, 1 fois sur 3 ce gaz provient de Russie. Pourquoi cette dépendance ? Parce que la production européenne en gaz en mer du Nord s’effondre ; elle est divisée par 2, 5 entre 2002 et 2018. Mais attention, ce ne sont pas tous les pays d’Europe qui en sont dépendants : la France n’en consomme que 7%, alors que l’Espagne et la Grande-Bretagne n’en consomment pas du tout. Mais plus on se rapproche de la Russie, plus la dépendance devient totale.

Il y a quelques années, se rendant compte de cette faiblesse stratégique devant la Russie, l’Europe à débloqué plus d’un milliard d’euro pour importer d’ailleurs, du Qatar, d’Algérie, d’Azerbaïdjan et des États Unis. Mais les infrastructures coutaient cher et la pandémie aidant, l’UE s’est laissé aller à une situation de fait.

La grande force de la Russie était que Poutine avait convaincu Merkel d’acheter russe, tant et si bien qu’aujourd’hui, l’Allemagne dépend à plus de 50% du gaz russe. A sa décharge, Merkel cherchait à être moins polluante, car elle produisait l’électricité avec du charbon, l’énergie la plus polluante du monde. Le gaz étant disponible, les ménages allemands s’achetaient tous des chaudières à gaz rendant le gaz russe totalement indépassable, malgré des voies ouvertes sur les renouvelables. 

Une fois l’Allemagne rangée, le reste de l’Europe n’avait plus rien de très consistant. C’est la raison pour laquelle les pays d’Europe resteront en grande partie dépendants du gaz russe. Pendant la guerre en Ukraine. Et même après. Au grand bénéfice également de la Chine, qui s’en sortira grandie, quelles qu’en soient les conséquences. 

       Le gaz algérien avait représenté un certain moment un palliatif au gaz russe ; il y a avait d’autres fournisseurs, comme le Qatar ou les États Unis, mais l’Algérie avait  surtout pour elle le bénéfice de la proximité. Le gaz des États Unis, avait le triple problème d’utiliser de gros méthaniers, d’être situé très loin de l’Europe, et donc d’être plus coûteux, ainsi que d’être de moindre qualité que le gaz russe.

Voilà comment le jeu de Monopoly a tourné en faveur des Russes et au préjudice des Européens. Ceci si on met en jeu uniquement le souci de la dépendance en gaz. Or les enjeux géostratégiques sont ailleurs si l’on veut remonter la genèse du conflit auquel Moscou s’est préparé de longue date, avec la rigueur et la discipline d’un métronome…

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