Quoique le système de santé en Algérie possède des points très positifs, comparé à ceux des autre pays dit en développement, l’examen du chapitre de l’offre des soins et de la couverture médicale, fait ressortir de nombreuses lacunes qui à défaut d’être traitées risque à court termes de créer le chaos dans ce secteur stratégique et vital.
Il est vrai que malgré l’absence d’une couverture harmonieuse des besoins de santé sur l’ensemble du territoire national, l’indice de couverture en médecins ainsi que le nombre de structures de santé ont connu une amélioration constante au cours des deux dernières décennies. Cette extension de l’offre est l’un des facteurs ayant conduit à l’augmentation rapide des dépenses de santé.
Face à l’explosion de la demande générée par la gratuité des soins, les pouvoirs publics ont été contraints de stimuler l’extension de l’offre en infrastructures de santé tant publiques que privées afin qu’elle soit adaptée à la demande. La dernière carte sanitaire s’est articulé sur un principe de décentralisation des soins compte tenu de la transition sanitaire en cours. Le nombre de structures sanitaires extra – hospitalières, aujourd’hui, compte près de 7300.
Le contexte économique du pays a poussé les pouvoirs publics procéder, progressivement, à la mise en place d’un cadre juridique visant à stimuler l’investissement privé dans le secteur de la santé, ce qui a fait qu’au jour d’aujourd’hui ce secteur vital se distingue par une dualité entre un secteur public largement dense et un secteur privé installé essentiellement dans les grandes villes. Aujourd’hui, les spécialistes s’accordent à dire que le privé s’érige en rival au lieu d’être complémentaire. Le caractère dualiste du système des soins en Algérie a contribué également à l’avènement d’un phénomène appelé le nomadisme médical qui est responsable, entre autres, de la croissance des dépenses de santé particulièrement celles de la médecine ambulatoire.
Par ailleurs, et face à la dégradation des conditions de prise en charge au niveau des structures de santé relevant du public et le phénomène de la fuite massive des compétences vers le secteur privé, notre système social de santé qui permet jusque-là à la majorité des citoyens par ceux de la classe moyenne de bénéficier de couverture médicale gratuitement devient sérieusement menacé.
C’est ce qu’a confirmé le professeur Djamel Eddine Nibouche, Chef de service de cardiologie à l’hôpital Nafissa Hamoud – ex –Parnet, constatant que des maladies nécessitent des prises de très haut niveau. Pour le professeur Nibouche, c’est dans ce secteur là que le privé doit investir. Argumentant que le privé ne doit pas étouffer le public, sinon notre médecine sociale risque d’être détruite.
Djamel Eddine Nibouchea déploré la situation anarchique dans la gestion des structures de santé privées en Algérie, soulignant que l’Algérie n’a pas les moyens, actuellement, de pouvoir assurer une médecine de qualité, notamment les soins de haut niveau. « C’est pour cette raison, d’ailleurs qu’il y a des prises en charge qui sont délivrées pour des soins à l’étranger qui n’existent pas en Algérie puisqu’ils sont de haut niveau », dira-t-il à ce sujet et de constater que c’est quand même une préoccupation majeure qui doit être prise en charge.
Saluant l’initiative de créer un hôpital de haut niveau algéro-qataris, l’invité de la radio chaine3 reconnaît que notre pays à fort besoin d’une médecine de haut niveau au lieu d’une médecine privée dérisoire. Nibouche a par ailleurs rappelé que l’activité des soins de haut niveau doit être encadrée et bien réglementée, et ce, afin d’éviter tout dépassement préjudiciable à notre système de santé.