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Alger

Les Guevara du clavier

Un des points les plus révélateurs dans les aveux diffusés hier, par la Direction nationale de la sûreté nationale, et livrés à chaud par le caporal déserteur Mohamed Benhalima, consistait à mes yeux à connaître de près la consistance des cyberactivistes algériens installés à l’étranger. 

Le propos de Benhalima était clair et ne souffrait d’aucune ambigüité : Ceux qui m’ont pris en charge en Europe « cherchaient surtout de prendre le train médiatique en marche » ; « j’étais surmédiatisé » et avait le statut de parler en connaissance de cause. De ce fait, on a commencé à parler de groupe de réflexion et de travail. En fait, rien de plus faux. Voilà la réalité, selon Benhalima : «  Il n’y a ni groupe de travail ni groupe tout court ; tout consistait à se connecter et à faire des vidéos de chez soi, de sous une couverture ». Le ton était ironique, sarcastique, mais mettait le doigt sur une réalité : celle de la facilité qu’offre Internet à tous – et à toutes –  de se présenter comme le champion des droits-de-l’homme, de l’opposition et la critique.

L’Algérie, qui traverse une période charnière de son existence, entame surtout sa métamorphose sur le plan médiatique, suivant les transformations politiques. Le retour au premier plan des chaînes de télévision publiques, le recul des chaînes privées et des ventes des journaux, le rabougrissement de la presse papier et le tarissement des sources de revenus publicitaires par la déchéance physique et financière des gros annonceurs n’en sont que les parties visibles.

Certains faits divers, insignifiants pour la presse écrite, mais révélateur des tendances de la société, font le buzz sur Internet, et requièrent une information plus visuelle qu’écrite. Youtubers et facebookers propagent l’événement avec une vidéo captée de l’événement, agrémentée d’un petit commentaire, lequel en soulève des milliers, motive des compléments d’informations, des rajouts, des questions, des réponses aux questions ; et c’est ainsi que se crée un buzz informatique, qui consiste à faire beaucoup de bruit autour d’un événement ou d’un produit.  

Pour le reste, des « suiveurs » mal formés, mal informés, contribuent de faire d’un simple vieux grabataire un Guevara en puissance…

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