Le gaspillage alimentaire est devenu depuis plus d’une décennie un phénomène banal en Algérie. Le spectacle de poubelles remplies à ras bord de baguettes de pain et autres denrées alimentaires s’est tellement généralisé, ces dernières années, à travers tout le territoire national qu’il n’émeut plus personne.
Il est loin le temps où la vue d’un petit morceau de pain jeté par terre provoque la nausée chez l’Algérien. En ce temps où les gens étaient réellement élevés au respect de la nourriture, il était en effet, inconcevable de laisser traîner du pain par terre. On se souvient encore de ces scènes d’enfants, de femmes et d’hommes qui ramassent des morceaux de galettes trouvés par terre, les nettoyant, les embrassant et les déposant dans des endroits où ils ne seraient pas piétinés pour servir de nourriture aux oiseaux ou à d’autres animaux.
Maintenant, nulle trace de ces réflexes de respect envers la nourriture, et des habitudes abjectes en contradiction avec nos valeurs ancestrales ont pris le dessus. Notre religion interdit le gaspillage et le coran dit clairement que « les gaspilleurs sont les frères du diable », mais on gaspille pourtant sans compter et sans se rendre compte des fâcheuses incidences de nos gestes inciviques dans notre vie et pour l’économie du pays.
Les bilans établis ces deux dernières années par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) indiquent que l’Algérie jette par année près de quatre millions de tonnes de nourriture dans les poubelles.
Dans le même sillage, la fédération nationale des boulangers, a révélé que durant le mois de ramadhan de l’année passée, 8 millions de baguettes de pain, qui représentent 88 millions de dinars, ont été jetées dans les poubelle et que des 50 millions de baguettes produites quotidiennement par nos boulangeries, 10 millions sont jetées chaque jour dans les poubelles.
Nonobstant, ces bilans affreux qui montrent l’énormité du gaspillage chez nous, force est de constater que peu de choses ont été faites jusqu’à maintenant pour éradiquer ce phénomène. Ni les campagnes de sensibilisation, ni les prêches hebdomadaires des imams, ni les forums organisés autour de ce phénomène…n’ont réussi à agir efficacement sur les mentalités enclines au gaspillage et à rationaliser la consommation. Ménages, écoles, restaurants, hôtels, universités… partout, on gaspille à volonté. Non seulement, on gaspille de la nourriture, mais également des médicaments, de l’eau, de l’électricité…. Il faudrait à tout prix stopper cette dérive en mettant en place et en urgence un véritable plan d’action national de lutte contre le gaspillage.
