Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite en Algérie depuis hier, a déclaré qu’Alger et Moscou envisagent d’élaborer « un nouveau document stratégique interétatique qui reflétera la nouvelle qualité du partenariat bilatéral ». Toutes ces années, poursuit-il, « nous avons activement développé un dialogue politique, développé des liens commerciaux, économiques, de coopération militaro-technique, humanitaires et culturels… ».
Avec une guerre en Ukraine qui s’internationalise jour après jour, avec son lot de « dégâts collatéraux », c’est le moment des alliances, à nouer ou à consolider. Le partenariat Alger-Moscou fait partie de la seconde catégorie, et date de l’indépendance algérienne.
C’est dans cette perspective que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, était attendu hier, pour une visite programmée depuis près d’un mois ; visite qui a été prévue le 5 avril dernier à Moscou lors de la visite à Moscou du chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra qui s’est rendu dans la capitale russe dans le cadre d’une mission de bons office dépêchée par la Ligue arabe.
La Russie, qui concentre actuellement l’attention de la planète entière, demeure l’allié le plus sûr de l’Algérie. Cela n’exclue pas quelques divergences sur des dossiers épineux comme celui de la Libye, mais dans l’ensemble, les convergences de vues et de positions l’emportent sur ce qui pourrait constituer des dossiers qui fâchent.
Aussi, la visite de ce vieux routier de la diplomatie internationale (près de 20 longues années en poste et homme de confiance de Poutine), est mise sous la loupe par tous les services de renseignement du monde pour en tirer un maximum d’informations. Le gaz, le pétrole, la Libye, le Sahara, les prochaines manœuvres militaires dans le sud-ouest algérien, les relations bilatérales, le jeu tactique vis-à-vis d’une Europe à la fois fragilisée et monolithique, etc. seront autant de sujets convergents entre deux pays que pourtant, 3 300 km séparent.
Le retour au Pacte de 2001 entre Alger et Moscou a été largement abordé. Des réaménagements d’ordre stratégique seront introduits dans ce Pacte stratégique 2022 et qui constituera la feuille de route entre les deux pays. La guerre en Ukraine a esquissé l’architecture d’un nouveau monde multipolaire, consacrant irréversiblement le recul de la vision unipolaire imposée jusque-là par les Etats Unis. L’Europe, qui sortira encore plus fragilisée par la guerre en Ukraine, sera la grande perdante de cette guerre de sous-traitance et dans la nouvelle carte du monde qui se déroule aujourd’hui, sous nos yeux, malheurs aux vaincus et aux retardataires : le temps de l’hégémonie américaine sur le monde semble sur le point d’être révolu.