La guerre en Ukraine aboutira sur des conséquences que peu d’observateurs devinent aujourd’hui. Les indices sont là, présents, et nous interpellent. Les pays de l’Europe, les plus affectés par la guerre (puisqu’elle se déroule dans leur camp et non dans les autres continents), se tiennent par la main. Ce qui est un indicateur de la fragilité dans laquelle ils se trouvent aujourd’hui.
La France tente de se réintroduire dans ses anciennes colonies, sans réussir. Évincée du Mali, elle mène une guerre de coulisses à l’ONU pour reprendre pied par le biais de la Minusma. Le forcing dont elle use au Conseil de sécurité ne trouve d’écho que chez la Russie, qui s’interpose en brandissant le véto.
Échaudée par la guerre d’Ukraine, la Chine prévient qu’elle n’hésitera pas à « déclencher une guerre » pour empêcher l’indépendance de Taïwan, mettant les États Unis dans l’embarras. Tout dépendra de la réussite ou non de la Russie. Même si les médias mainstream disent le contraire, évidemment, le Kremlin est en train de réussir son coup de force dans le Donbass et la mer noire. Si cela se règle avant la fin de l’été, les données, au niveau planétaire vont changer.
Jusqu’à présent, Pékin a soigneusement évité de prononcer le mot « guerre » en évoquant Taïwan, pays qui, estime-t-elle, a vocation à rejoindre le giron de la Chine ; le président chinois, Xi Jinping, avait affirmé que l’indépendance de l’île « ne pourrait conduire qu’à une impasse », tout en assurant que, à terme, la Chine serait « réunifiée ». Et d’ajouter : « Nous ne promettons pas de renoncer au recours à la force et nous nous réservons le droit de prendre toutes les mesures nécessaires ».
Pour le moment, les Africains ont beau jeu, même si certains pays s’affolent de pouvoir réunir les matières premières à leurs populations, ce qui est de l’ordre de la gestion politique pure. Le récent voyage à Moscou de Macky Sall, président en exercice de l’Union Africaine, avait cet objectif d’assurer des couloirs rapides pour le blé ukrainien et russe vers l’Afrique. Et même si l’Europe est en train d’ameuter par ses médias que la famine touchera de plein fouet les Africains, il est certain qu’elle sera, au contraire, la première touchée. L’inflation qui affecte les capitales occidentales, la hausse des prix et les appréhensions sociales sont déjà indicateurs d’une crise européenne qui ne dit pas son nom.
Une géopolitique des alliances et des hostilités se met subrepticement en place, et plus la guerre perdure, avec des avancées certaines des dominos russes, pour l’Europe sera pris en étau, elle la première. Les voyages des officiels espagnols, italiens, français et allemands en terre africaine sont symptomatiques de cette fragilisation européenne. Beaucoup de façades dans la charpente politique mondiale vont sauter pour se voir remplacer. L’issue de la guerre déterminera encore plus de changements dans un monde où plus personne ne détient, désormais, les clés de la domination planétaire.