Les chiffres sont éloquents : l’investissement dans les énergies propres commence finalement à augmenter et devrait dépasser les « 1.400 milliards de dollars en 2022 », représentant près « des trois-quarts » de la croissance des investissements énergétiques totaux, tandis que le total des investissements dans l’énergie à travers le monde doit augmenter de « 8% » cette année, pour atteindre « 2.400 milliards de dollars », bien au-dessus des niveaux antérieurs à la pandémie de Covid-19.
Ces chiffres figurent dans le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie ( AIE). Ainsi, avec des flux entrants importants, le renouvelable semble commencer à prendre l’ascendant sur le fossile en matière d’investissement. N’assiste-t-on pas à un tournant décisif dans le secteur de l’énergie ? L’AIE a fait observer dans son rapport que les énergies propres vont « tirer la hausse des investissements énergétiques dans le monde cette année, même si c’est loin d’être assez ». Elle a, en outre, précisé que l’inflation des coûts va aussi capter une part importante des dépenses. Elle ajoute que les gros secteurs en croissance sont ainsi les renouvelables (éolien et solaire notamment), l’efficacité énergétique et la mobilité électrique.
Toutefois, elle note « une augmentation de 10% des dépenses dans l’approvisionnement en charbon en 2021, surtout dans les économies émergentes d’Asie ». Selon l’AIE, la hausse des coûts de l’énergie va « absorber la moitié des quelque 200 milliards d’investissements supplémentaires attendus dans le monde cette année ». Compte tenu de cette situation, l’AIE plaide pour que les pays producteurs d’hydrocarbures financent l’indispensable transition de leur économie, et les majors d’accélérer leur diversification.
A quel rythme, l’Algérie ( le cas qui nous concerne) devait-elle mettre en œuvre sa stratégie globale dans le domaine des énergies propres et que devrait-elle faire en premier? L’actuel ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, Benattou Ziane, multiplie les efforts en vue de faire avancer les choses dans ce secteur qui aura un rôle essentiel à jouer à l’avenir. Il plaide en faveur d’une industrie intégré dans le renouvelable.
Cependant, le progrès durable dans ce domaine dans le sens de la vision qu’il promeut ne peut être atteint que par une combinaison d’initiatives publiques et privées et d’activités industrielles qui impliquent des acteurs de terrain. Le ministre semble avoir ouvert toute grande la porte à de nombreux partenaires. Pour les aider à réussir, il est à leur écoute et s’efforce de comprendre leurs besoins.
Benattou Ziane a reçu, mardi, 21 juin, une délégation du groupe Tay, conduite par son PDG, Mesut Toprak, actionnaire principal et membre du conseil d’administration de l’entreprise algéro-turque Tayal, peut-on lire dans un communiqué du ministère. Lors de la rencontre, le ministre a mis l’accent sur «les relations bilatérales privilégiées entre les deux pays et la volonté du président de la République d’élever le volume des investissements turcs en Algérie et d’insuffler ainsi une nouvelle dynamique à la coopération existante».
L’Algérie tente d’accélérer le processus
Fort de plus de 60 ans d’expérience dans l’industrie textile, en partant de la fibre de coton jusqu’au prêt-à-porter, le groupe Mesut Toprak a présenté, pour sa part, la vision de son groupe industriel en «réalisant une usine de fabrication intégrée de dernière génération incluant les panneaux photovoltaïques, les cellules, les Wafer permettant d’exporter plus de 75% de sa production».
«Le groupe Tay compte investir dans les énergies renouvelables en Algérie avec l’assistance du MTEER afin de devenir un acteur important et viser plusieurs applications des énergies renouvelables en Algérie». Le responsable turc s’est enquis également de l’état d’avancement et les modalités du projet d’appel d’offres à investisseurs pour la réalisation de centrales solaires PV «Solar 1000», exprimant le vœu de son entreprise de participer à cet ambitieux projet.
Le ministre a réitéré la disponibilité de son département à accompagner le groupe Tay dans la concrétisation de tous ses projets dans les énergies renouvelables en Algérie. A l’issue de la rencontre, les deux parties ont convenu de poursuivre les échanges afin d’identifier de façon approfondie les axes de coopération dans les domaines abordés.
Hydrogène vert
Par ailleurs, l’hydrogène commence à émerger en Algérie. Il focalise l’attention comme source d’énergie domestique et industrielle. Dans de nombreux pays développés, des infrastructures d’approvisionnement et de distribution de l’hydrogène commencent à prendre forme. L’hydrogène, déjà utilisé – tout au moins à titre expérimental – comme source d’énergie par certains constructeurs automobiles européens, est encore essentiellement produit ou bien par électrolyse, ou bien à partir de gaz naturel ou d’autres combustibles fossiles.
«Compte tenu de la demande mondiale, l’Algérie est en pole position en matière d’exploitation et d’exportation de l’hydrogène vert », a affirmé, hier le Pr M’hamed Hammoudi, Chef de cabinet au ministère de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables.
Lors de son passage à l’émission l’Invité de la Rédaction de la Chaîne 3 de la Radio Algérienne, le Pr M’hamed Hammoudi a souligné que « même si le coût d’investissement dans l’hydrogène vert est énorme, la demande mondiale demeure très présente. Ce grand potentiel de l’Algérie pousse beaucoup d’entreprises étrangères (italiennes, turques, chinoise et allemandes), ayant d’importants moyens technologiques dans le domaine des énergies renouvelables à afficher leur volonté d’investir en Algérie.
« La concurrence est tellement présente entre ces entreprises que chacune d’elles veut présenter le meilleur dossier », précise le responsable qui annonce que « l’ouverture des plis de l’appel d’offre est pour bientôt». Pour conclure ces partenariats, dit-t-il, « il a fallu accélérer la cadence de l’ajustement de la réglementation sur l’ensemble des projets, au niveau de tous les secteurs concernés».
Le Pr Hammoudi précise qu’un travail supplémentaire est en train de se faire dans ce sens, pour mettre à niveau ces lois, suivant les changements qui interviennent à l’échelle internationale».
Revenant sur l’apport économique de l’hydrogène vert, M. Hammoudi rappelle que « ce produit est à la base d’autres sous-produits, à savoir le kérosène vert, le diesel vert le méthanol vert, et l’ammoniaque vert. Ce qui permet de réaliser de nouveaux bénéfices». Selon le même responsable, « l’hydrogène vert peut également permettre à l’Algérie d’économiser la taxe carbone».