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Les « enfants des plages »: Les petits métiers de l’été rapportent jusqu’à 3 500 dinars/j

Les grandes vacances exigent de grands moyens financiers pour passer un été convenable. De tous jeunes enfants, disons : entre 8 et 12 ans, écument les plages, panier en main, proposant des beignets, du thé à la menthe, de l’eau minéral, des œufs durs, des m’hajebs piquants ou du café aux estivants. 

D’autres se lèvent plus tôt ; ils partent à la recherche des plus beaux coquillages sur la plage pour en faire des breloques pour amoureux, en y gravant leurs noms sur l’intérieur concave : 100 dinars la pièce ; d’autres louent pour des familles leurs mini-chaises et leurs parasols à 500 dinars la demi-journée. Du pain galette est cédé à 50 dinars. Près de l’eau, ce type de pain traditionnel est irrésistible…

Nous sommes à la plage de Tizirine ; un jeune garçon d’environ 10 ans pointe, panier de m’hadjebs à la main. On profite pour en acheter, et plus, pour lui soutirer quelques secrets du métier. « Je peux vendre jusqu’à 100 m’hajebs par jour. A 30 dinars l’une, cela fait 3000 dinars par jour. Il faut déduire environ 700 dinars de produits achetés par ma mère : huile, sel, semoule, beurre… ».

Un simple calcul d’épicier nous donne 2300 dinars de bénéfice net chaque jour. Durant les deux mois et demi, 75 jours en moyenne, le jeune garçon cumulera 225 000 dinars de son travail sur la plage de Tizirine, à l’entrée est de la ville de  Cherchell !  

Mais, il n’est certainement pas le plus bénéfique pour sa famille : « J’ai un voisin qui habite Boulehrouz, sur les hauteurs de Cherchell, et lui il fait mieux, puisqu’il vend le matin du café et des beignets aux vacanciers et aux campeurs qui y passent la nuit ; à midi, il revient avec des œufs et des m’hajebs et en fin d’après-midi, il a trois thermos de café à écouler. En fin de journée, il a dans les poches un pactole d’entre 4000 et 5000 dinars.  Lui, c’est un garçon de 12 ans qui n’a pas fait d’école et qui fait de son mieux pour aider sa famille et son père handicapé… »

Le long de la route Cherchell-Ténès, des vendeurs de galette, d’olives fait maison, de figues de barbarie, de petits poissons et d’oiseaux. On y vend même des tortues et des perdrix, des cailles, vivantes ou rôties, des lapins, des oies et des canards. Les animaux sont vendus entre 700 et 1000 dinars, pour les plus jeunes, et jusqu’à 3000 pour les canards adultes, et encore plus pour les grandes oies de ferme. 

Dans ces villages champêtres de Sidi Ghilès, Damous, Hadjret Ennas, Messelmoun et Béni Haoua, les gens élèvent beaucoup d’animaux de basse-cour et en vendent beaucoup à des prix très accessibles. 

Des petites filles, l’innocence encore dans le regard, adossées à un arbre, vendent des choses faites maison : fromage de chèvre, beurre de vache, pain galette et m’ssamen. On y vend aussi toutes sortes de fruits des bois : framboise, groseille, arbouse, jujube, aronia rouge, prunelle, myrtille, bleuet, mûre de la ronce, mûre du mûrier, cassis, etc. En langue arabe, ces fruits des bois portent des noms aussi beaux et délicieux que : lunch, sissnou, tôut, annabe, etc. Mais chaque région en Algérie possède son propre lexique pour les nommer. 

Certains vendeurs, moins jeunes, proposent des cailles rôties sur le bord de la route. Vous assisterez au choix de l’oiseau et à son égorgement, puis à son dépeçage, et enfin à sa cuisson sur la braise. Pour 70 dinars uniquement. Mais ces hommes ne sont pas notre propos. Nous préférons continuez avec les enfants et leur esprit ingénieux et inventif pour se faire de l’argent de poche et aider leurs familles. 

C’est surtout près des plages que les jeunes commerçants de la saison profitent le plus. L’eau salé développe l’appétit, c’est connu, et de ce fait, on mange plus, et on en redemande. Tout ce qu’il faut pour les enfants qui font des navettes interminables entre la plage et la maison pour se ravitailler, tout vendre et revenir s’approvisionner de nouveau…

Même s’ils rapportent, ces petits métiers de la bricole ne durent qu’un temps. Aussitôt le mois août fini, la rentrée des classes sonne. Une bonne partie de cet argent récolté à la sueur du front durant les chaudes journées d’un été caniculaire, servira à l’achat d’un trousseau scolaire, d’un tablier et de livres et autres articles. 

Souvent pris à la gorge par un été dispendieux, un aïd el-kebir onéreux puis une rentrée sociale étouffante, les parents ont recours à la tirelire des enfants pour s’en sortir.

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