Alors que la guerre du gaz fait rage en Europe, après que le Kremlin ait fait brandir la menace de couper le robinet à tous ceux qui lui affichent une hostilité non mesurée, celle du pétrole, de même, commence à soulever des soucis dans la région maghrébine.
Le souci vient de la Libye. Le bras de fer Dbeibeh-Haftar ne pouvait pas ne pas affecter la production pétrolière, celui qui en détient les leviers devant le Tout-Puissant sur tout le pays. Dotée des réserves les plus abondantes d’Afrique, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011 et secouée par des divisions entre l’est et l’ouest du pays.
Jusque-là, la National Oil Company, équivalent de la Sonatrach algérienne, restait à égale distance entre les belligérants et fonctionnait comme une Banque nationale pour la Libye, pour les milliards qu’elle générait. Son patron, Mustafa Sanalla, avait la confiance de la communauté internationale, notamment des États Unis, qui la qualifiat de « politiquement indépendante et techniquement compétente ».
Officiellement, Mustafa Sanalla n’est plus président de la NOC. Le nouveau patron de la Compagnie libyenne nationale de pétrole a pris ses fonctions jeudi dernier, faisant craindre des troubles accrus dans la production de pétrole.
Farhat Bengdara, un banquier nommé par décret du chef du gouvernement de Tripoli (ouest), Abdelhamid Dbeibah, a pris ses fonctions jeudi sans passation de pouvoir avec Sanalla. Fort du soutien des partenaires étrangers, Sanalla a dit qu’il ne céderait pas son portefeuille. C’était sans compter l’intervention d’un groupe armé de l’Union nationale, qui a encerclé le siège de la NOC.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis mars: l’un basé à Tripoli dirigé par Dbeibah depuis 2021 et un autre conduit par Fathi Bachagha et soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est. Pour Emadeddin Badi, chercheur au centre de réflexion Global Initiative, le changement à la tête de la NOC « est le produit d’une convergence momentanée entre Dbeibah et Haftar, mais pourrait être la base d’un accord plus large ».
Selon cet arrangement, Dbeibah « retrouve l’accès aux fonds publics », tandis que Haftar « lèvera vraisemblablement le blocus et limitera, voire arrêtera complètement, son soutien à Bachagha », selon Badi, qui prédit un accord de circonstance « qui ne résistera pas à l’épreuve du temps ».