Depuis des dizaines d’années, c’est toujours la même ritournelle. « L’Algérie recèle d’importantes potentialités qui lui permettent d’avoir une économie diversifiée, homogène et solide, de sortir de la dépendance aux hydrocarbures et de s’assurer une autosuffisance alimentaire » ce discours est asséné, répété, ressassé par les gouvernements successifs depuis l’indépendance.
Les responsables aux commandes de 2010 à 2019 ont même affirmé chiffres et statistiques à l’appui que l’Algérie atteindra avant l’année 2022 une autosuffisance en blé dur et en orge, et pourrait même avoir un excédent à exporter. Aujourd’hui, tout le monde se rend compte de l’inanité de ces discours et de la légèreté de ces prévisions économiques lancées par des responsables populistes et peu sérieux qui savent que les promesses qu’ils avancent ne les engagent en rien. Malgré les rattrapages effectués ces deux dernières années en matière d’infrastructures et les réformes économiques engagées ponctuées par des opérations de débureaucratisation et lutte contre la corruption, l’Algérie continue à dépendre dangereusement des hydrocarbures.
Aujourd’hui que le baril de pétrole se négocie au dessus des 100 dollars, le pays est à l’abri des désagréments ! Mais que serait la situation du pays si les cours de l’or noir venaient à dévisser et à entrer dans le négatif comme c’est le cas en avril 2020 où les prix ont chuté en dessous de 20 dollars ? La crise du covid-19 et le conflit ukrainien ont montré l’importance de la souveraineté alimentaire et de la souveraineté sanitaire. Les pays qui n’ont pas une industrie pharmaceutique solide et des secteurs agricole et agro-alimentaire forts sont voués à de graves crises économiques et à des conflits internes interminables.
Ce qui se passe actuellement au Sri Lanka, en Albanie, au Tchad, au Venezuela doit alerter les pays dont le fonctionnement économique dépend essentiellement de l’étranger. L’Algérie dépend actuellement pour son blé, pour son lait et bien d’autres produits essentiels, de l’étranger. Situation inconfortable et menaçante qui ne saurait durer et créer bien des surprises à l’avenir vu le dérèglement actuel du monde.
Le dernier Conseil des ministres s’est penché sur la fabrication du lait infantile et sur la réorganisation du secteur agricole pour le rendre plus productif, plus rentable et plus compétitif. Ce qui dénote du souci des dirigeants actuels de garantir la sécurité alimentaire qui constitue un objectif stratégique devant être atteint avant 2024. L’Algérie est tenue de réussir sa transition économique. Outre d’améliorer le niveau de satisfaction des besoins alimentaires et médicales de sa population, elle doit obligatoirement développer son secteur touristique et son économie numérique pour se débarrasser définitivement de son ancien modèle économique basé sur les hydrocarbures et le tout-import.