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Tourisme en Méditerranée, la part de l’Algérie

La Méditerranée est l’espace touristique le plus fréquenté au monde. Mais tous les pays méditerranéens ne bénéficient pas de la même façon des flux d’estivants et des ressources engendrées par cette activité.

Comment s’organise le tourisme méditerranéen ?

1. La première zone touristique mondiale

Le bassin méditerranéen est en effet le premier (et sûrement plus ancien) espace touristique mondial, recevant chaque année environ 200 millions de visiteurs internationaux et nationaux.

Il représente un quart de la capacité hôtelière mondiale, 30 % des recettes et des flux touristiques mondiaux et 40 % des arrivées internationales.

Ce développement touristique est ancien pour la rive Nord (promenade des Anglais sur la Côte d’Azur depuis le XIXe siècle). La rive Sud est devenue une destination de masse depuis la Seconde Guerre mondiale.

Depuis les années 60, le secteur touristique connaît une croissance considérable (l’Espagne passe d’un million de touristes dans les années 50 à 30 millions aujourd’hui).

2. Flux et destinations

La Méditerranée concentre 3 des 4 plus grands récepteurs de touristes au monde (France, Espagne, Italie).

Le Nord-Ouest méditerranéen regroupe ainsi 80 % des touristes de la zone. La Côte d’Azur reçoit dix millions de touristes par an.

80 % des émetteurs viennent des pays européens (surtout Europe du Nord) pour des destinations essentiellement balnéaires (70 %) et un séjour estival. Mais il existe aussi un tourisme culturel (comme dans les villes historiques de Dubrovnik ou Venise).

On parle plus souvent allemand qu’espagnol dans les Baléares pendant l’été et des services sont adaptés à cette population saisonnière (presse allemande ou anglaise).

Les infrastructures d’accueil sont adaptées à toutes demandes : palaces pour les plus fortunés, immeubles de béton en front de mer (« Baléarisation » ou bétonnage des côtes comme sur la Costa del sol en Espagne), stations traditionnelles ou nouvelles constructions (Port el Kantaoui en Tunisie ou La Grande Motte en France). Cette diversité d’hébergement encourage un tourisme de masse : cinq millions de touristes pour la Turquie, quatre millions pour la Tunisie.

Il faut cependant distinguer les deux rives.

La rive nord est plus densément mise en valeur. C’est surtout sur cette rive que les types d’aménagements sont les plus variés : depuis les hôtels du XIXe siècle (Nice, San Remo) jusqu’aux réalisations plus récentes (Benidorm en Espagne, le Languedoc-Roussillon). Les côtes nord-est sont aménagées de façon plus discontinue mais l’urbanisation touristique y est en progression (Croatie, Turquie).

Les littoraux de la rive Nord présentent de plus l’avantage d’une plus grande proximité avec les centres émetteurs (accessibles par des accès routiers efficaces).

Le tourisme de la rive Sud est plus éloigné de l’Europe (l’avion est presque systématique pour se rendre à destination). Les aménagements touristiques prennent aussi une forme plus discontinue. A noter que pour certains pays, il n’y a pratiquement pas de touristes internationaux (Algérie, Libye ou Syrie) mais les littoraux sont occupés l’été par des touristes nationaux.

La Tunisie reste la grande destination touristique de la rive Sud (8 millions d’arrivées). Au Maroc, le tourisme concerne surtout l’intérieur (villes avec architecture musulmane) ou le rivage Atlantique (Agadir). L’Algérie, si elle travaille à mieux etre considérée, peut devenir le pole d’attraction du tourisme maghrébin  sans concurrent, au vu de ses potentialités illimitées. 

3. Une source de richesse essentielle mais limitée

Pour tous les pays concernés, le tourisme est une source de richesse et d’emplois (on les estime à cinq millions pour le secteur). Cet impact est encore plus important pour les PSEM. Les devises apportées par les touristes sont ainsi essentielles pour combler le déficit commercial de ces pays. Cela justifie l’extension de ce secteur économique et les investissements importants qui y sont consacrés. En Tunisie, la zone d’Hammamet a ainsi été développée ces dix dernières années pour devenir l’un des principaux centres touristiques du pays. A Port el Kantaoui, toujours en Tunisie, seule marina du Maghreb, 17 hôtels ont été construits pour une capacité de 15 000 lits.

Toutefois, le développement touristique ne respecte pas la gestion traditionnelle de l’espace méditerranéen. L’eau, par exemple, y est rare en été ; or, il s’agit aussi de la haute saison touristique. Les ressources sont surexploitées, parfois jusqu’à la pénurie (dans les îles grecques par exemple). En Tunisie, les conflits d’usage sont fréquents et la concurrence forte pour l’eau entre l’irrigation des cultures et les douches ou piscines des touristes. La forte concentration de population entraîne aussi de la pollution, les structures d’assainissement étant insuffisantes.

Enfin, cette manne économique est très tributaire de l’actualité et de la géopolitique. Des risques d’attentats ou des actes terroristes (comme à Djerba en 2002) ont des effets désastreux sur la venue de touristes. Cette dépendance vis-à-vis des pays émetteurs fragilise les pays méditerranéens.

L’essentiel

La Méditerranée est la première destination touristique mondiale : 200 millions de visiteurs chaque année.

Anciennement aménagées pour certaines, les stations touristiques sont très diversifiées et visent le plus large public possible. La rive Nord offre plus de choix et une densité d’aménagements supérieure à la rive Sud, où ceux-ci sont plus ponctuels.

Les touristes sont très majoritairement européens (à 80 %) et recherchent surtout la plage en période estivale.

Le tourisme est un vrai atout économique (devises, emplois, dépenses sur place) mais reste tributaire de l’actualité et de la gestion des ressources.

Le tourisme de masse est une activité lucrative pour les grandes chaines internationales mais, comme l’illustre la croisière, l’articulation entre croissance économique et transformations sociales des destinations demeure problématique.

Les résultats économiques de la croisière à l’échelle des destinations nationales

Pour la croisière, les bénéfices économiques s’appliquent surtout aux ports de tête de ligne. Les grandes entreprises (compagnies de croisière pour l’essentiel) dominent tous les segments de l’offre : réservations, arrivées aériennes et hébergement dans ces ports, excursions dans les ports d’escale, etc.

Pour les ports d’escale, notamment en Grèce, les résultats économiques sont nettement moins importants et ne compensent pas toujours les externalités négatives : consommation d’eau et d’énergie, production de déchets, congestion de la circulation, impacts négatifs sur les fonds marins à cause des mouillages en rade, sentiment d’envahissement des populations locales.

Favoriser les retombées économiques du tourisme au bénéfice des territoires

Pour que la croisière soit porteuse de retombées économiques au niveau national, les pays doivent cumuler un nombre important de ports de tête de ligne par rapport aux ports d’escale, une production de navires de croisière, ainsi qu’un nombre de nuitées à bord important. En Méditerranée, seule l’Italie arrive à cumuler ces différents facteurs.

Le tourisme terrestre, à l’échelle de neuf destinations méditerranéennes étudiées, représente en moyenne 0,4 emploi direct/lit. Lorsque la saisonnalité est limitée, le taux mensuel d’emplois est mieux réparti (autour de 10 % par mois) et les types de contrat moins précaires. La redistribution des fruits de la croissance sur le territoire n’est pas toujours au rendez-vous. On constate fréquemment une fuite économique des revenus touristiques. Il est estimé, en Turquie, qu’environ 51 % à 60 % des revenus tirés des voyages à forfait organisés par les tour-opérateurs étrangers n’ont pas été injectés dans l’économie turque.

Inscrire les destinations touristiques dans des projets favorisant le développement des territoires

L’activité touristique est souvent déconnectée du contexte économique, social, environnemental et culturel de son territoire. Planifier de manière stratégique les activités touristiques en cohérence avec les autres activités et les potentialités économiques, sociales, environnementale et culturelles de ce territoire devient crucial.

Pour favoriser le développement des territoires touristiques, le Plan Bleu recommande de :

Structurer, avec les acteurs locaux, des espaces publics de participation pour élaborer des plans d’actions locaux destinés à améliorer leur état de durabilité ;

Favoriser la création de dispositifs destinés à suivre et accompagner la mise en œuvre de ces plans d’action.

La Méditerranée est la première destination touristique au monde en termes de tourisme national et international, avec plus de 300 millions d’arrivées de touristes internationaux, représentant 30 % de l’ensemble des touristes mondiaux en 2014. Les arrivées de touristes internationaux sont passées de 58 millions en 1970 à près de 314 millions en 2014, avec une prévision de 500 millions d’ici à 2030. Près de 50 % de ces arrivées ciblent les zones côtières (Figure 3.5).

En 2016, le tourisme a contribué à générer 333,2 milliards de dollars US dans les pays méditerranéens. Au cours des 20 dernières années, la contribution directe du tourisme au PIB de la région méditerranéenne a augmenté de 53 %. Le tourisme est un pilier essentiel des économies méditerranéennes, qui représente une source constante d’emploi (11,5 % du nombre total d’emplois en 2014) et de croissance économique (11,3 % du PIB de la région). Dans le bassin méditerranéen, le tourisme est vital pour de nombreux pays : si l’on compte uniquement l’économie des régions littorales, le tourisme représente plus de 70 % en termes de valeur de la production et de valeur ajoutée brute (Figure 3.17).

Le tourisme côtier en Méditerranée a bénéficié et contribué à la démocratisation de l’idéal des vacances. La région propose en effet des séjours de détente accessibles géographiquement et financièrement, via le modèle des 3S (« sea, sand and sun ») (Plan Bleu, 2017).

Les voyages organisés qui proposent des vols à bas prix, hébergement confortable et repas bon marché ont considérablement augmenté les flux touristiques en direction des côtes méditerranéennes. Au fil des années, le modèle des 3S a enrichi son catalogue pour offrir des services supplémentaires : terrains de golf, piscines, parcs d’attraction, etc. Les habitudes de voyage des touristes ont également évolué : là où auparavant les vacanciers passaient toutes leurs vacances dans un même lieu pendant une période plus longue, ils préfèrent aujourd’hui s’évader plus souvent dans l’année en effectuant des séjours plus courts. D’une manière générale, le rapport entre les bénéfices économiques, le plus souvent captés par de gros opérateurs internationaux, et les transformations sociales et environnementales qui en résultent localement reste problématique. Les populations locales se soucient de plus en plus de préserver leurs richesses naturelles, économiques et sociales des impacts négatifs qui peuvent résulter du développement d’installations touristiques.

Le tourisme côtier cristallise de nombreux problèmes associés au développement non maîtrisé des activités anthropiques. Voici une liste de problèmes identifiés :

    Urbanisation linéaire et côtière, consommant la ressource précieuse mais très limitée que sont les zones côtières ;

    Pollution de l’eau, production de déchets et rejet des déchets en mer ;

    Surconsommation de ressources naturelles limitées (eau, etc.), en particulier pendant la saison touristique (été) ;

    Dégradation des terres, perte de la biodiversité et altération de la valeur esthétique des paysages ;

    Émissions de gaz à effet de serre, dues à une mauvaise gestion énergétique et au manque d’efficacité ;

    Obsolescence du modèle des 3S, faible niveau de compétitivité, de résilience et d’innovation ;

    Génération d’emplois de mauvaise qualité (emplois saisonniers, à faible rémunération, non qualifiés, souvent à temps partiel, etc.) ;

    Fuites économiques, c’est-à-dire une répartition déséquilibrée des revenus du tourisme ;

    Manque d’intégration des besoins du tourisme durable dans la planification des autres secteurs.

Par ailleurs, la mer Méditerranée fait partie des régions de croisières les plus importantes au monde : la région a reçu 27 millions de passagers en 2013, un nombre en augmentation constante à raison d’environ 5 % par an. Les infrastructures de croisières sont établies sur la rive Nord : 75 % des ports de Méditerranée se situent en Italie, en Espagne, en France, en Grèce, en Croatie et en Slovénie, tandis que 9 % des ports sont en Turquie et à Chypre, et 7 % en Afrique du Nord (Plan Bleu, 2017).

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