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Augmentation des salaires et de l’allocation chômage: Qui doit en bénéficier ?

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a annoncé récemment des augmentations des salaires et de l’allocation chômage devant entrer en vigueur début 2023. Le Chef de l’État a tenu ainsi à rassurer la classe ouvrière qu' »une augmentation des salaires et de l’allocation chômage interviendra d’ici la fin de l’année et entrera en vigueur début janvier 2023″, affirmant attendre « les résultats définitifs des recettes nationales devant être réalisées à fin 2022 ».

Cette décision a été prise au regard « des recettes supplémentaires » engrangées cette année par l’économie nationale. Si l’ensemble des experts très au fait des questions sociales ont accueilli avec grande satisfaction cette décision et félicitent son initiateur, il n’en demeure pas moins qu’ils ont mis en avant quelques conditions qui garantiront la réussite de cette action tant attendue par des millions d’Algériens.

L’un de ces spécialistes, en l’occurrence, M Nouredine Bouderba, s’est exprimé  sur les mesures annoncées par le Président. À propos de l’augmentation des salaires, M Bouderba tient à préciser à prime abord que « toute décision visant la protection du pouvoir d’achat des travailleurs est une mesure à saluer et à encourager car allant dans le bon sens et cette promesse si elle est conséquente s’inscrit dans ce cadre ». Il nuance néanmoins, ses propos en disant : « j’ai toutefois souligné, avec insistance, que les augmentations promises doivent être conséquentes et avoir un impact réel sur le niveau de vie des travailleurs en rappelant que celles octroyées en 2022 (augmentation du nombre de points indiciaires) n’était pas en adéquation avec l’ampleur de la perte du pouvoir d’achat subie par la classe moyenne et surtout par les bas salaires.

Une perte énorme sous les effets conjugués de la pandémie, de l’inflation internationale, du glissement continue et volontariste du Dinar, de l’insuffisance de la réglementation et du contrôle des prix par l’État et de la levée progressive des subventions ».

Cet ancien syndicaliste a rappelé aussi que plus de 3 millions de travailleurs du secteur économique, privé et public, ne doivent pas être, cette fois ci, exclus des augmentations annoncées comme cela a été le cas lors des dernières augmentations de 2022, et ce à la suite des pressions du patronat privé. « L’État a les moyens politiques et peut aisément se doter d’instruments juridiques pour étendre ces augmentations aux travailleurs de tous les secteurs et éviter la fracture sociale qui s’annonce », souligne-t-il.

Il tient à préciser également que les « 3.3 millions de bénéficiaires de pensions ou d’allocations de retraite n’ont pas aussi bénéficié d’augmentations parce que le gouvernement hésite pour augmenter le SNMG et les pensions et le patronat agit dans le sens du blocage du salaire minimum ».

Concernant l’augmentation du montant de l’allocation chômage, tout en saluant la décision, Nouredine Bouderba rappelle que l’Algérie est l’un des rares pays en développement à avoir institué cette allocation. « Mais là aussi j’ai rappelé mes réserves déjà connues, sur les modalités et les conditions d’ouverture pour le bénéfice de cette allocation dont je citerai à titre non exhaustif.

Pour ce spécialiste, le bénéfice de cette allocation est limité aux primo demandeurs d’emploi excluant tout chômeur qui a déjà travaillé dans sa vie ne serait-ce un mois dans sa vie. En outre, 80 % des travailleurs actifs du secteur économique public et privé, notamment les titulaires de CDD, sont exclus du bénéfice de aussi bien de la nouvelle allocation que de « l’autre allocation chômage » relevant de la CNAC et ne percevront, en cas de perte de leur emploi, aucune allocation ou aide sociale.

L’autre observation émise par ce syndicaliste concerne « les autres travailleurs actifs qui ouvrent droit à l’allocation chômage servie par la CNAC en cas de perte de leur emploi, notamment les Smicards, l’allocation moyenne qu’ils percevront sera nettement inférieure au montant de la nouvelle allocation réservée aux primo demandeurs d’emploi alors qu’ils cotisent au risque allocation chômage contrairement à ces derniers ». Il avoue aussi que beaucoup d’occupés avec un travail aidé ou dans le cadre de l’emploi des jeunes perçoivent une « rémunération » d’un montant inférieur à l’allocation de chômage des primo demandeurs d’emploi.

« Pour toutes ces raisons j’ai rappelé la nécessité d’une approche globale de la prise en charge du chômage en Algérie qui doit englober tous les chômeurs. Une prise en charge qui passe par une réforme de la CNAC y compris dans son aspect financement et par l’élargissement de ses missions qui permettra la prise en charge du « chômage temporaire »; ainsi que la mise en place d’une caisse de chômage temporaire pour les non salariés moyennant une cotisation par les intéressés et un abondement de l’Etat ».

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