Les prix du poulet et de la dinde connaissent ces derniers jours une flambée poussant le consommateur à se passer de cette viande blanche. Le poulet frais est proposé cette semaine, par les bouchers entre 470 et 490 DA le Kg soit une augmentation de 100 DA en trois semaines. Pour la vente en gros, les producteurs proposent le poulet vivant entre 300 et 320 DA le Kg, selon les régions.
Certains observateurs très au fait de la situation qui prévaut dans la filière avicole pensent que cette hausse des tarifs va s’accélérer au cours des prochains jours en raison du déséquilibre entre l’offre et la demande. Un nombre important d’aviculteurs ont choisi d’observer une halte cet été par crainte de subir des pertes en raison des canicules ce qui a fait baisser la production.
D’après un aviculteur, interrogé par le site Maghreb Émergent, les prix vont encore augmenter. ‘’Les aviculteurs qui ont choisi de travailler pendant la période des grandes chaleurs ne peuvent pas répondre à toute la demande. Du coup, la hausse des prix ne va pas s’arrêter’’, dit-il, écrit sur ce site.
A cet élément s’ajoute la hausse des prix des aliments du bétail. ‘’Les prix actuels des aliments du bétail n’encouragent pas la stabilisation des prix’’, explique-t-il. D’après lui, les prix peuvent atteindre les 600 DA le Kg avant la fin du mois. Des professionnels de l’aviculture expliquent que la hausse des prix de la volaille était due à la baisse du nombre d’opérateurs dans cette filière, appelant à intensifier les efforts de lutte contre les producteurs exerçant hors du cadre légal et à imposer un cahier des charges définissant les droits de toutes les parties.
Le nombre d’éleveurs avait baissé drastiquement en raison des difficultés rencontrées par la profession, notamment le coût élevé des intrants comme le maïs et le soja destinés à l’alimentation des volailles. Les prix élevés des produits destinés à l’alimentation des volailles sur les marchés mondiaux a amené, en effet, de nombreux éleveurs à renoncer à l’aviculture.
De plus, la forte baisse des prix de la volaille par le passé a poussé les éleveurs à se détourner de cette activité. Des quantités de poussins dépassant de loin les besoins nationaux avaient alors été importées, tirant les prix vers le bas et infligeant aux éleveurs de grandes pertes. D’où l’urgence, avouent les acteurs de réorganiser la filière avicole et de mettre en œuvre un cahier des charges garantissant aux éleveurs une marge bénéficiaire acceptable et des prix abordables aux consommateurs.
Pis, 80% du nombre total d’aviculteurs exercent hors du cadre légal et seulement 20% d’entre eux sont inscrits au registre de commerce, d’où la complexité de la situation du marché.
L’aviculture algérienne produit, faut-il le préciser, 350.000 à 400.000 tonnes de viandes blanches et de 6 à 7 milliards d’œufs par an. L’Algérie compte en outre, près de 140 millions de poules. Elle est constituée de 20.000 éleveurs, emploie environ 500.000 personnes et fait vivre 2 millions de personnes. Elle importe 80% des 2.500.000 tonnes d’aliments (maïs, tourteau de soja et complément minéral vitaminé), 3 millions de poussins reproducteurs, des produits vétérinaires et des équipements.
Cette filière pâtissait de nombreux problèmes, liés essentiellement au manque d’organisation et de structuration, ainsi que de l’existence du marché parallèle, précisant que 80% des professionnels du domaine « exercent de façon informelle ». La structure actuelle de cette aviculture résulte des politiques de développement initiées par l’État dans les années 1980.
Actuellement, la forte dépendance du marché extérieur des aliments concentrés pour volailles demeure le principal frein au développement de l’aviculture algérienne, surtout en ce qui concerne le maïs et le soja qui représentent plus de 70% de la ration alimentaire. Les difficultés rencontrées par les éleveurs notamment l’approvisionnement en intrants, l’augmentation des charges, le désengagement de l’État et la commercialisation de leurs produits, ont contraint nombre d’entre eux à abandonner cette activité.
R.E