Dans cet entretien, Tewfik Hasni explique que la transition énergétique s’organise dans un désarroi général de l’Europe. L’expert relève que le Vieux continent pense que l’alternative au gaz ne peut être que l’hydrogène. A court terme, ajoute-t-il, ceci demeure un leurre.
L’Express: L’Opep+ a décidé, il y a quelques jours, d’augmenter légèrement la production pétrolière. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
Tewfik Hasni : La question serait de savoir pour qui? Récemment, le Président américain, Joe Biden, s’est rendu en Arabie Saoudite. La visite avait pour objectif d’amener l’Opep à augmenter, de manière importante, sa production afin de baisser le prix du brut. Le Président Macron, qui avait reçu Mohammed ben Salmane ( MBS), espérait aussi obtenir un accord dans ce sens. L’augmentation est restée marginale. Ce fut le résultat de l’accord entre le Président Poutine et MBS. En conclusion, oui c’est une bonne chose pour La Russie, l’Arabie Saoudite et le lobby pétrolier US.
Estimez -vous que l’Opep et ses alliés font assez d’efforts pour stabiliser le marché ?
Il faut arrêter de parler de l’organisation OPEP comme d’un cartel puissant. Le marché pétrolier est dominé par le lobby pétrolier US, l’Arabie Saoudite et la Russie, ce sont les seuls à pouvoir augmenter la production pétrolière.
La guerre en Ukraine a fait augmenter les prix du pétrole. Comment voyez-vous l’évolution des cours, si la guerre s’arrête ?
Il ne faut pas croire que la guerre en Ukraine a un impact sur le prix du brut. Les sanctions aussi bien contre la Russie et l’Iran n’ont pas empêché ces pays de vendre leur pétrole. Les recettes russes n’ont jamais été aussi importantes.
Quels sont les défis posés par l’évolution du marché de l’énergie de manière générale ?
Les défis du marché de l’énergie restent liés au fait que l’Europe ne peut assurer sa sécurité énergétique. L’Europe restera dépendante de la Russie. L’évolution du marché se devine. Le passage à la mobilité électrique va s’accélérer. La Chine s’est engagée dans la bataille pour devenir le premier producteur de voitures électriques au monde. La Loi passée par le Président Biden tente de suivre la même voie aux USA. Le reste du Monde ne compte pas.
La transition énergétique s’organise dans un désarroi général de l’Europe. Le Vieux continent pense que l’alternative au gaz ne peut être que l’hydrogène. A court terme, ceci demeure un leurre. La hausse des températures a révélé aussi que ni le nucléaire, ni l’éolien, ni le photovoltaïque ne peuvent assurer la sécurité énergétique de l’Europe. L’Europe est amnésique. Elle a oublié que la cause des black-out électriques ont été causés par une hausse de température, doublée par une absence de vent.
En effet, au solstice d’été, si la température monte, la réglementation impose de réduire les rejets d’eau chaude dans les rivières. Ceci réduit la production des centrales nucléaires. L’absence de vent réduit aussi la production des éoliennes. Le photovoltaïque voit son rendement réduit avec la montée de température. Si ce n’est pas les vents violents et la grêle qui détruit les panneaux photovoltaïques suite au changement climatique. L’avenir ne peut qu’accentuer la dimension des défis. On nous promet des étés plus chauds.
En conclusion, la seule solution pour l’Europe restera le solaire thermique algérien qui au contraire voit ses rendements augmentés avec la hausse des températures et donc satisfaire des besoins qui vont augmenter avec l’augmentation des températures et la réduction des approvisionnements gaziers.