Dans son discours du 20 août, le roi du Maroc avait fait le point sur les « acquis engrangés » par le Maroc dans le dossier du Sahara occidental et invité les pays qu’il a qualifié d’ « alliés » de se positionner sur le dossier et de s’exprimer clairement. Lancés avant la visite du président français à Alger et à un moment où les relations franco-marocaines connaissent un gel polaire, ces propos étaient tous destinés à tomber dans l’oreille de Macron.
Si Macron a d’autres projets avec l’Algérie, notamment sur le gaz, l’Ukraine et un regain d’intérêt de son commerce avec Alger, le Maroc tient à ce que la France n’ignore pas ses doléances. Objet de fixation obsessionnelle de sa politique étrangère, le Sahara occidental l’empêche pour le moment de voir que les autres horizons sont en train de dangereusement se rétrécir et s’obscurcir devant lui.
Officiellement, pour le président français, l’ambition exprimée est de se donner une nouvelle chance et de se permettre « une nouvelle page d’avenir » dans les relations franco-algériennes, comme annoncé lors de son premier déplacement à Alger, en décembre 2017.
Demain, Emmanuel Macron, accompagné de Catherine Colonna, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, « évoquera les grands dossiers concernant des préoccupations communes ». Or parmi les préoccupations de l’Algérie, le dossier du Sahara occidental st situé en bonne place. Sera-t-il évacué pour avancer sur d’autres dossiers plus fermes ? On le saura jeudi.
De toute évidence, on s’attend déjà de voir Macron user de son lexique langagier habituel éviter d’évoquer toute référence qui pourrait prêter à toute interprétation, ou à minima, se contenter de sa grandiloquence classique d’une «France qui encourage les relations de bons voisinage » entre les deux pays.
Le souhait du Maroc de voir la France se positionner sur le Plan d’autonomie au Sahara risque de demeurer dans le stade de souhait, tant le besoin français d’une amitié avec l’Algérie, avec tout ce que cela aura comme conséquences, s’inscrit sous le sceau de l’urgence.
Tous les observateurs ont relevé le ton agacé du roi du Maroc. Ses exhortations ressemblaient à des mises en garde, et c’est là un impair qu’il a résolument et ostensiblement commit, puisque Mohammed VI a adressé une mise en garde ferme « aux partenaires du Royaume, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës », en précisant : « Nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque ».
Des propos tendus et menaçants ; ce qui pourrait être interprété comme une pression politique et diplomatique, et peut-être lui coûter sur plusieurs plans.