Le long métrage « Nos frangins » du réalisateur Rachid Bouchareb, représentera l’Algérie aux oscars 2023. Le film a été choisi à l’unanimité par le Comité de Sélection Algérien chargé par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), a annoncé un communiqué de presse reçu par notre rédaction.
Après avoir visionné quatre films, à savoir « Houria » de Mounia Meddour, « Halim Erraad »de Mohamed Benabdallah, « La dernière reine » coréalisé par Adila Bendimerad et Damien Ounouri et « Nos frangins », le comité de sélection présidé par Mohamed Lakhdar Hamina est composé de professionnels du cinéma comme Yasmine Chouikh, Fawzi Saichi, Hassan Kechach, Ali Mahfiche ou encore Salim Aggar, ont voté pour le long métrage de Rachid Bouchareb, qui sera en lice dans la compétition pour décrocher une place dans la short list des œuvres retenues pour le prix du meilleur film étranger.
Incarné par Lyna Khoudri, Reda Kateb, Raphaël Personnaz, Samir Guesmi, Laïs Salameh et Adam Amar, le film de Bouchareb revient sur le meurtre de Malik Oussekine, en décembre 1986, à Paris, et sur celui d’un autre jeune Maghrébin le même soir à Pantin.
Malik Oussekine est mort dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, à la suite d’une intervention de la police, alors que Paris était secoué par des manifestations estudiantines contre une nouvelle réforme de l’éducation. Le ministère de l’Intérieur est d’autant plus enclin à étouffer cette affaire, qu’un autre Français d’origine algérienne a été tué la même nuit par un officier de police.
Le film raconte trois jours et nuits de Paris durant les émeutes estudiantines de décembre 1986. Ces manifestations contre le projet de Loi Davaquet sont vues à travers le prisme de deux familles algériennes habitant respectivement à Meudon et à La Courneuve et dont chacune d’elle, va perdre un de ses garçons : Malik Oussekine et Abdel Benyahia, âgés de 22 et 20 ans. Les deux, tués par des policiers, l’un à coups de matraques par des motards et l’autre par balle d’un commissaire soûle.
Dans Nos frangins, Rachid Bouchareb assure un exercice d’une maîtrise exceptionnelle en termes de réalisation et de restitution de l’histoire. Le scénario de Kaouther Adimi et Bouchareb lui-même est digne d’une enquête policière. Avec un montage parallèle et une caméra de Guillaume Deffontaines qui se fusionne parfaitement avec les images d’archive, le récit en montage alterné rappelle le style de la romancière dans Nos richesses, tout en offrant une matière documentaire et une mise en scène fictive équilibrées.
L’auteur en profite pour rendre hommage, en parallèle, à une autre victime d’assassinat, commis le même soir, dans un bar de Pantin (Seine-Saint-Denis). Un policier en civil, alcoolisé, y sort son arme de service et abat à bout portant le jeune Abdel Benyahia, qui était en train de s’opposer à une rixe.