Le Sommet arabe a démontré –s’il fallait encore le faire- tout le poids de médias efficaces pour l’État algérien. Créer une opinion, faire circuler la « bonne » information et donner l’analyse qui fait tilt n’est pas à la portée du premier média en circulation.
On l’aura vu, le Sommet arabe a mis en marche, partout dans les pays arabes, et même en Occident, la machine de guerre médiatique, pour « bombarder » dans tous les sens.
On a vu comment un petit émirat, comme le Qatar, est devenu grand grâce à ses ressources gazières, mais, avant cela, surtout, grâce à son bras médiatique, Al Jazeera, avant sa récente disgrâce (entamée en fait, depuis 2011 et le « Printemps » arabe). Le même Qatar est revenu à la charge, cette semaine, pour descendre en flammes le président tunisien et appuyer, de ce fait, l’agenda qatari, sur des questions de droits de l’homme en Tunisie, en brandissant le dernier rapport d’Amnesty International, qui curieusement, égratigne encore plus le Qatar sur le même sujet.
La coupe du monde au Qatar a été un sujet de discussion pour la ministre allemande de l’Intérieur qui a déclaré que le Qatar ne devrait pas accueillir la Coupe du monde 2022, pour, justement, « ses manquements aux droits des travailleurs étrangers sur son sol ». En colère, le petit état du Golfe n’a pas apprécié et a convoqué l’ambassadeur d’Allemagne pour une protestation en bonne et due forme.
A cotés de l’Algérie, se joue une partie serrée dans les médias arabes. De Djeddah à Rabat, en passant par le Caire, les intérêts sont divergents, parfois contradictoires, et chaque partie tente d’embarquer le maximum de personnes dans son bateau. Les fake news, les deep fake et les infox se propagent sur les réseaux sociaux et les médias alternatifs à vue d’œil. Et parfois, des alliances insoupçonnées se forment en conglomérat compact pour faire mouche.
On a vu également comment le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, Nadir Larbaoui, s’est trouvé contraint de réfuter catégoriquement les informations tendancieuses de la presse marocaine sur une prétendue participation du Président sahraoui, Brahim Ghali aux travaux du 31e Sommet arabe d’Alger. Alger a pris soin d’évacuer préalablement tous les « dossiers qui fâchent » pour consacrer l’unification des rangs arabes.
Déjà la guerre en Ukraine avait démontré les limites d’une presse superficielle qui vit au jour le jour, qui ne fait pas l’effort essentiel pour former une équipe performante de rédacteurs spécialisés dans l’information de crise, qui connaisse les fondamentaux de la politique étrangère, bref, qui maitrise son sujet dans les règles de l’art.
Aussi, il serait utile et judicieux à la fois d’assainir le monde des médias et de réglementer le marché de l’information. Aucun pays ne peut avancer avec des médias boiteux ou avec des journalistes contre-performants.