Le poste de conseiller à la sécurité nationale aux États Unis d’Amérique est un poste hautement stratégique. Pour rappel, il a été occupé par le passé par des responsables aussi prestigieux que Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski ou John R. Bolton. Sa mission est de renseigner et conseiller sur toutes les questions relatives à la sécurité nationale américaine.
Ce poste est d’autant plus important en temps de crise majeure ou de guerre, pendant lesquelles il s’investit de nouvelles prérogatives, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés. Et la guerre en Ukraine est une guerre américaine par excellence.
Nous évoquons ici l’importance de ce poste pour en arriver à l’essentiel, parler de Jake Sullivan, actuel conseiller à la sécurité nationale, et haut responsable à la White House, et qui a l’oreille de Joseph Biden. Lundi dernier, il a pris le téléphone pour appeler son vis-à-vis russe. Le lendemain, on apprenait dans le Wall Street Journal que Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, s’était déjà entretenu, et à plusieurs reprises, avec deux hauts responsables russes proches de Poutine. Sujet de ces discussions : la volonté américaine de mettre fin à la guerre par la négociation pour que la crise ukrainienne ne se transforme pas en conflit nucléaire généralisé. A l’appui de cette conviction américaine, l’impossibilité avérée pour Moscou de perdre la guerre.
Dans le même temps, une visite quasi-secrète de Sullivan à Kiev est venue conforter la certitude des observateurs que Washington a réellement envie d’en finir avec le bourbier ukrainien, qui risque de lui coûter cher. Sullivan a clairement fait savoir à Zelensky qu’il fallait se calmer et ne plus jouer à un niveau supérieur, niveau qui lui est d’ailleurs interdit, car inapproprié. Zelensky, qui conditionnait toute négociation avec le Kremlin, par la disqualification de Poutine, est rentré subrepticement dans ses petits souliers et s’en est allé déclarer à son peuple le contraire de ce qu’il disait hier.
Les Etats Unis sont en train de perdre non pas la guerre, mais beaucoup plus que la guerre : la capacité de maîtriser le jeu de la guerre et de ses conséquences. La Chine et la Russie sont déjà bénéficiaires des retombées stratégiques de cette guerre. L’Afrique s’émancipe déjà et hausse le ton, outils et moyens de sa politique en main ; alors que l’Europe, déjà épuisée par cette guerre, est en train de fléchir. Le fracas de la fission est perceptible. Le cavalier seul, entamé par l’Allemagne auprès des Chinois, est symbolique de cette désintégration européenne.
Si certains peuvent voir dans le retrait des Russes de Kherson une victoire pour l’Ukraine, il faut préciser que Washington s’est justement appuyé sur ce retrait tactique pour dire que la Russie veut rallonger la guerre, à son profit bien sûr, pour arriver à une guerre d’usure qui épuiserait tant l’Europe que les Etats Unis, l’Ukraine n’étant qu’une quantité négligeable dans l’échiquier géostratégique.
C’est à ce niveau de lecture qu’il faudrait placer la visite imminente de Tebboune en Russie. Lamamra parle d’avant la fin de l’année. Le monde de 2030 ne sera pas celui d’aujourd’hui, et il faut être à l’heure du train de la nouvelle carte. Le monde est en train de se reconstruire sur les débris d’une ancienne configuration. Et malheur aux retardataires…