Avec une guerre en Ukraine qui n’a pas fini de dévoiler les secrets les plus inimaginables, on a tendance à oublier qu’une autre guerre se déroule aux portes sud-est de l’Algérie. Il s’agit de la guerre civile en Libye, avec un maréchal de plus en plus tenté par un pronunciamiento contre le gouvernement d’union national de Tripoli.
Cramé par la Justice internationale, il sait que s’il cède le pouvoir, la prison est un parcours fléché qu’il doit suivre malgré lui. Aussi, tente-t-il de faire avancer ses pions. Son fils, Saddam, sur le plan militaire, pour en faire un autre Haftar, maître de la Cyrénaïque. Puis Fathi Bachagha, sur le plan politique, afin de déboulonner Dbeibeh, qui jouit de la légitimité internationale et un proche de l’Algérie.
Le plus urgent sur le sujet aujourd’hui, est que le nouvel envoyé spécial de l’ONU pour la Libye a averti que le premier anniversaire des élections reportées approchait à grands pas et qu’un nouveau report du scrutin pourrait conduire le pays à une instabilité encore plus grande, le mettant « à risque de partition ».
Abdoulaye Bathily a déclaré au Conseil de sécurité de l’ONU que le cessez-le-feu d’octobre 2020 tenait toujours malgré l’escalade de la rhétorique et le renforcement des forces des gouvernements rivaux dans l’est et l’ouest du pays.
La crise politique actuelle découle de l’échec des élections du 24 décembre 2021 et du refus du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah – qui dirigeait un gouvernement de transition dans la capitale, Tripoli – de démissionner. En réponse, le Parlement du pays, basé à l’est, a nommé un Premier ministre rival, Fathi Bachagha, qui cherche depuis des mois à installer son gouvernement à Tripoli. Ce dernier n’agit pas de son propre gré, mais semble suivre les orientations dictées par le maréchal Khalifa Haftar.
Bathily, ancien ministre et diplomate sénégalais, arrivé en Libye à la mi-octobre et qui a voyagé dans toutes les régions du pays, a déclaré qu’il est « de plus en plus reconnu que certains acteurs institutionnels entravent activement les progrès vers les élections ».
Il a averti que prolonger davantage les élections « rendra le pays encore plus vulnérable à l’instabilité politique, économique et sécuritaire » et pourrait risquer la partition. Et il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à « joindre leurs efforts pour encourager les dirigeants libyens à travailler avec détermination à la tenue d’élections dès que possible ».