Sur WSWS.org, et sous la plume du journaliste Alex Findijs, on apprend que le mois dernier, le programme télévisé «Four Corners» de l’Australian Broadcasting Corporation a révélé que l’armée de l’air américaine envisageait de stationner des bombardiers B-52 à capacité nucléaire en Australie. Parmi les représentants des groupes de réflexion proguerre interviewés dans le cadre de l’émission figuraient Becca Wasser, responsable de l’analyse de la guerre au Center for a New American Security (CNAS).
( Il faut savoir que la CNAS dont il est question ici n’a rien à voir avec la Caisse nationale de la sécurité sociale, celle-ci est sociale, l’autre est éminemment politico-militaire)
Wasser a déclaré: «Avoir des bombardiers qui peuvent avoir une portée et potentiellement attaquer la Chine continentale pourrait être très important pour envoyer un signal à la Chine que n’importe laquelle de ses actions sur Taïwan pourrait avoir d’autres conséquences».
Cet aveu imprudent et cette ostentatoire démonstration de la part de la CNAS contre la Chine reflète l’orientation agressive du CNAS depuis sa fondation en 2007 par des agents du Parti démocrate ayant des liens étroits avec l’industrie de la défense. Ce groupe de réflexion relativement petit de Washington DC a joué un rôle majeur dans les gouvernements Obama et Biden et dans l’évolution de la politique étrangère et militaire américaine vers une confrontation avec la Russie et la Chine, augmentant ainsi le risque de guerre nucléaire.
Le CNAS ne compte que 30 employés et dispose d’un budget de seulement 6 millions de dollars, précise Findijs. Mais sa petite taille cache son rôle très influent. À bien des égards, le CNAS incarne l’émergence du Parti démocrate en tant qu’instrument politique prééminent du militarisme impérialiste américain.
Le groupe de réflexion a été fondé en 2007 par Michele Flournoy et Kurt Campbell à un moment de crise croissante pour le capitalisme américain, tant au niveau international que national. La prétendue «guerre mondiale contre le terrorisme», qui avait servi de cadre à l’agression américaine en Afghanistan et en Irak, n’avait pas réussi à assurer le contrôle des États-Unis sur les régions riches en pétrole de l’Asie centrale et du golfe Persique, et l’administration de George W. Bush perdait rapidement le soutien populaire aux États-Unis.
Depuis ses origines, le CNAS était orienté vers une accélération spectaculaire des efforts de Washington pour contenir et affaiblir la Russie et la Chine et faire en sorte qu’elles ne soient plus un obstacle à l’hégémonie américaine sur le continent eurasien.
Selon les analystes américains eux-mêmes, un des fondamentaux du CNAS est de reconstruire au sein des États-Unis le soutien et la capacité à faire la guerre, faisant valoir que «le prochain président devrait favoriser un large dialogue avec le peuple américain et avec les alliés de l’Amérique sur le moment où il est approprié – ou non – de recourir à la force dans un nouvel environnement de sécurité».
Au cœur du programme du CNAS se trouvait l’idée que les États-Unis déclinaient en puissance relative, et devaient se préparer militairement et économiquement à vaincre des adversaires tels que la Chine et la Russie. En 2011, le gouvernement Obama et sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, ont adopté la politique de confrontation avec la Chine du CNAS développée par Kurt Campbell et baptisée «Pivot vers l’Asie», alors que les États-Unis déplaçaient leur attention militaire vers la région Asie-Pacifique.
Depuis sa création, le CNAS a fourni des fonctionnaires de premier plan du département d’État et du Pentagone, d’abord sous le gouvernement Obama, puis sous le gouvernement Biden.
Un centre discret mais ô combien influent, qu’on ferait bien volontiers de zoomer sur ses objectifs afin de prévenir ses menées de sous-sol.