Le président américain Joe Biden a accueilli à Washington un sommet avec l’Afrique et les dirigeants africains. Le but affiché des Américains est de revitaliser les relations américaines avec le continent face à la concurrence de la Chine et de la Russie.
La rencontre de trois jours à Washington a été l’occasion d’annoncer de nouveaux investissements, de parler de sécurité alimentaire – aggravée par la guerre en Ukraine – du changement climatique mais aussi de démocratie et gouvernance.
On a parlé commerce, économie, échanges, culture et aides, mais le fond d’écran était clair pour tous les dirigeants africains : c’est un sommet américain, fait par les Américains, pour les Américains, afin de contrer la présence, jugée inquiétante pour Washington, des Russes et les Chinois sur le continent.
Dès la fin du Sommet, les Américains auront, de nouveau, la réalité en face. Russes et Chinois ont pris de l’avance sur les Européens et les Américains sur le continent africain, alors qu’en Europe se joue une partie de jeu de Monopoly qui risque de ruiner les joueurs.
Voilà le décor planté pour replacer l’Afrique au cœur de la diplomatie mondiale. Car à quelque chose malheur est bon.
De cette guerre de sous-traitance qui est la guerre d’Ukraine, l’Afrique est sortie non pas uniquement indemne, mais certainement vainqueur. Tous les pays européens cherchent aujourd’hui à poser pied et avoir des appuis en Afrique. Comment si, de guerre lasse, tous se font à l’idée que l’Europe s’est irrémédiablement ruiné dans cette guerre ukrainienne.
Témoin en est, la France qui continue d’acheter de l’uranium à la Russie malgré l’embargo. Et non seulement elle en achète, mais aussi elle en a acheté trois fois plus d’uranium à la Russie en 2022 par rapport à 2021.
L’émancipation des Etats africains des anciennes tutelles occidentales, l’éviction manu militari de Barkhane du Sahel, la chute brutale de la françafrique, ainsi que l’émergence de nouvelles élites militaires qui n’ont pas connu la villa Charlotte, à Luzarches, ni l’entregent de Foccart, et sont de ce fait, plus libres de prendre les décisions les plus audacieuses pour l’intérêt de leur pays, etc. sont autant de signes qui ne trompent pas. Le monde est en train de bouger, les cartes changent de main, et les premiers d’hier ne sont certains d’être sur le podium demain matin.
L’Afrique est un bon élève ; elle apprend vite ses leçons…