Depuis que le président de la République, Abdelamadjid Tebboune, a parlé des 20 milliards de dollars récupérés sous forme de biens, les polémiques allaient bon train. Hier, le ministre de la Justice est venu à point nommé, à l’Assemblée populaire nationale, lors du vote du projet de loi portant prévention et lutte contre le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, pour donner des détails tout à faits exceptionnelles sur ces saisies.
En effet, hier, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, nous a fait l’économie des spéculations, en dévoilant dans le détail, en quoi consistaient les biens issus de la corruption et récupérés par l’État algérien.
Le ministre de la justice a précisé que les voies de la récupération des fonds et biens spoliés se situaient au niveau national et international, et que 20 milliards Usd des fonds pillés ont été récupérés.
Soulignant également que le montant est préliminaire et est susceptible d’augmenter. Une communication et une coordination ont lieu entre les autorités judiciaires algériennes, françaises, italiennes et américaines pour récupérer le reste de l’argent algérien placé à l’étranger.
Le ministre de la Justice a indiqué que des commissions rogatoires sont en cours au niveau international pour suivre les modalités de récupération de ces biens.
D’autant plus que le processus de récupération de l’argent a connu des coups de frein et des complications au niveau international en raison des systèmes judiciaires différents et parfois peu convergents.
Le ministre a également apporté des précisions sur le montant des fonds récupérés annoncé par le président de la République, estimé à 20 milliards de dollars.
Cette somme faramineuse est constituée de 4 213 biens immobiliers ; de 213 biens immobiliers industriels, tels que la cimenterie, les usines d’assemblage de voitures et les usines d’huile à Jijel, Oran et Alger. En plus des usines pharmaceutiques à Tissemsilt et Réghaia.
Les fonds récupérés ont également concernés 229 propriétés agricoles d’une superficie de plus de 5 mille hectares ;
Il s’agit également de 425 logements dont 44 entre commerces et parkings ;
Il s’agit encore de 211 villas et 1 500 appartements dans les principales villes du pays ;
281 bâtiments en construction, 21 hôtels, des carrières, stations de lavage et pompes d’essence.
De plus, il y a eu 23 000 biens mobiliers récupérés, dont des aéronefs, des navires et des bateaux, qui ont été saisis. Ainsi que 4 203 camions et bus, 236 machines agricoles. Sans oublier 7 000 engins agricoles. Ainsi que la saisie de 6 444 comptes bancaires qui renfermaient de grosses sommes d’argent, en plus des bijoux et des pierres précieuses. De même que des entreprises et des chaînes de télévision.
Quant aux prêts bancaires, le ministre de la justice, garde des sceaux, a confirmé qu’une personne a obtenu un prêt d’une valeur de 54 milliards de dinars, et que la totalité du montant a été récupérée.
Évidemment, beaucoup reste à faire et le combat risque d’être long. L’argent détourné et placé à l’étranger est très important. Mais les procédures judiciaires sont souvent lentes et complexes, exigeant un savoir-faire juridique et procédural minutieux pour faire plier les banques étrangères et les États où cet argent est placé.
Des accords d’entraide judiciaire existent, mais les procédures exigent un travail de longue haleine, fait de patience et diplomatie.