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Dangereuse transposition de la guerre en Ukraine dans l’espace Maghreb-Sahel

La guerre en Ukraine n’a pas fonctionné selon les prévisions du jeu des stratégies de puissance : elle n’a contenté ni les Américains, qui observent leurs alliés s’effondrer, ni les Russes, qui passent d’une stratégie à une autre et d’un chef militaire à un autre pour venir à bout de l’Ukraine, il est vrai soutenu par l’Occident et sa panoplie d’armes et de services de renseignement.

Le constat a été fait. Maintenant que la guerre s’éternise et s’internationalise, autant opérer des expansions à l’est et à l’ouest pour diluer les tensions, faire diversion et gagner à l’usure. La stratégie militaire ne s’encombre ni de temps ni d’espace, ni encore moins de moyens.

On sait que les négociations pour la paix ont été arrêtées (non suspendues, arrêtées) à l’instigation des Occidentaux. 

Tant que les choses demeurent circonscrites en Europe, on est à l’abri des effets de cette guerre, dirait le profane. Sauf que la guerre frappe aujourd’hui aux portes maghrébo-sahéliennes. 

Barkhane a lamentablement échoué, moins militairement que politiquement, de sorte que l’opération doit cesser et plier bagages. La France a compris que son temps de jeu au Sahel a pris fin. Malgré quelques soubresauts ici et là (au Niger, par exemple), elle sait que le temps imparti est fini et qu’elle joue « hors-circuit ».

Les Etats Unis savent bien que la France sous-traitait également en faveur de ses propres intérêts stratégiques, l’occupation du terrain étant laissée aux bons soins de Barkhane. On se souvient de la neutralisation par tirs de drone de certains chefs d’Al Qaida dans le nord du Mali. Les USA donnaient l’information et Barkhane menait l’opération sur le terrain. Les bénéfices de tels résultats étaient également partagés entre les deux puissances. 

Cependant, et après l’éviction des Français du Sahel, les Etats Unis ne vont pas laisser cet espace en jachère. Si un pays allié ne vient pas remplir les fonctions, un pays non allié, voire ennemi, prendrait « le marché ». Comprendre ici la Chine ou la Russie, mais beaucoup plus la Russie. Et c’est justement ce qui est en train de se passer.

En marge de sa visite de quarante-huit heures au Mali, le ministre russe des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov a promis de poursuivre son aide à Bamako, et aussi à l’ensemble des pays du Sahel et du golfe de Guinée qui luttent contre le terrorisme.

Le Sahel est devenu un terrain de géopolitique et géostratégique où les superpuissances du monde s’affrontent en termes d’influence. Après l’échec cuisant des pays occidentaux en l’occurrence la France avec l’opération Barkhane pour lutter contre le terrorisme au Sahel, la Russie pousse ses pions pour être maître du Sahel.

Depuis la fin de l’opération Barkhane au Mali, la Russie est devenue un acteur incontournable du Mali dans la lutte contre le terrorisme avec la livraison d’importants lots de matériels et des hommes. Et à l’issue d’une conférence de presse conjointe avec son homologue malien, Sergueï Lavrov a proposé la coopération russe à tous les Etats qui désirent travailler avec le Kremlin, notamment le Burkina, le Tchad et en général la région sahélo-saharienne et même aux pays riverain du golfe de Guinée en proie au jihadisme.

Washington laissera-t-elle le jeu se faire sans elle ? Certainement pas. Alors, gardez les yeux grands ouverts et commencez à compter les pièces du puzzle qui vont, d’un côté comme de l’autre, à se former. La suite risque d’être dangereusement préjudiciable, pour les pays de la région surtout. 

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