Acteur majeur des conflits au Nord-mali, depuis qu’elle a pu faire asseoir les groupes armés issus de la rébellion de 1991 autour de la table des négociations, l’Algérie demeure l’ultime recours pour les populations du Nord-Mali.
Aujourd’hui, on en est encore là. Récemment, le Cadre stratégique pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) composé de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger a demandé à l’Algérie de consentir ses efforts pour la mobilisation et l’accompagnement de la communauté internationale afin de transcender les difficultés liées à la mise en œuvre, au Mali, de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger.
Cette demande a été formellement exprimée à l’occasion d’un déplacement à Alger d’une délégation des Mouvements signataires de l’accord pour la paix (CMA-Plateforme) regroupés au sein du CSP-PSD, conduite par son Président Algabass Ag Intalla du 20 février au 3 mars 2023.
En réalité, signé en 2015, le Plan de paix d’Alger connaît des tergiversations depuis. Les précédents présidents du Mali ont tourné en rond longtemps, mettant à rude épreuve la patience de la Confédération des mouvements de l’Azawad.
Récemment encore, en représailles à ce qu’il appelle « la violation de l’accord d’Alger », le gouvernement de la transition a annoncé la suspension des indemnités des mouvements armés du Comité de Suivi de l’Accord (CSA).
Les tensions entre les autorités maliennes et les mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger risquent de faire péricliter le Plan de paix d’Alger.
Mohamed El Maouloud Ramadan, porte-parole du CSP-PSD a indiqué : « Nous avons discuté à bâtons rompus sur le processus de paix, sur la gravité de la situation actuelle, comment sortir de cette impasse ? Tous les sujets ont été abordés sans tabou. C’est suite à cela que les mouvements ont remis à la Médiation certains points qui peuvent être une proposition de sortie de crise ».
On s’en souvient, la délégation a été reçue en audience par Abdelmadjid Tebboune, président de la République algérienne. Mohamed El Maouloud Ramadan, s’est abstenu de donner plus de détails sur les points discutés avec le président algérien.
Il a, en revanche, rappelé que « les mouvements signataires de l’accord regroupés au sein du CSP-PSD avaient suspendu leur participation au mécanisme de mise en œuvre de l’accord depuis quelques mois pour demander une audience avec la médiation internationale pour parler de certains points qu’ils estiment importants».
C’est suite à ce blocage que l’Algérie a pris l’initiative d’inviter les responsables des mouvements signataires du 20 février au 03 mars à Alger.
Pour sa part, le gouvernement du Mali a adressé la semaine dernière une correspondance à Ramtane Lamamra, Chef de file de la médiation algérienne,dans laquelle il déplore plusieurs cas de violation de l’accord pour la paix par les mouvements signataires dont la Coordination de Mouvements de l’Azawad (CMA).
Parmi ces points de discorde « l’installation d’états-majors par certains mouvements dans le Gourma en 2020-2021, la réouverture des postes de sécurité dans les zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou, la délivrance illégale d’autorisation de déplacement sur les sites d’orpaillage, le refus de recevoir les médecins en charge de lutte contre la Covid-19, les actions entravant le fonctionnement optimal des bataillons des forces armées reconstituées, l’occupation d’Annefis ou encore l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal ».