Considérée comme la rampe de lancement du Mossad dans le monde, la société NSO Group, entreprise israélienne de sécurité informatique, est éclaboussée par le scandale Pegasus.
En effet, en juillet 2021, une consorsium internationale de journalistes, révèle que l’entreprise a développé Pegasus, un logiciel espion sophistiqué utilisé par des dizaines de pays.
L’entreprise est « conseillée » (ou mise en demeure par ses patrons) de fermer boutique sous le faux motif de grave difficulté financière. Nous sommes en août 2022. Elle se sépare de Shalev Hulio, figure trop connue, et le numéro 2, Yaron Shohat, directeur des opérations, en devient le seul chef.
Curieusement, et malgré ses multiples scandales dans plusieurs pays, la société reconstruit une autre architecture d’entreprise et concentre ses ventes auprès des seuls membres de l’Otan. Cette proximité avec les « maîtres du monde » permet aujourd’hui, en toute impunité, de mettre sous la loupe les pays jugés « suspects » ou « hostiles », tant vis-à-vis de l’Occident que pour Israël.
Aujourd’hui, c’est Paragon (l’équivalent de la NSA américaine), successeur de NSO dans les cyber infiltrations, qui fait le plein d’investissements dans le monde. C’est la nouvelle rampe de lancement du Mossad dans le monde arabe, l’Algérie y compris.
Propriété de l’ex-premier ministre israélien Ehud Barak et d’anciens cadres de l’Unité 8-200, et faisant travailler des encadrements du cyber-renseignement et du hacking, elle fait aussi partie de la politique étrangère israélienne.
Paragon est financièrement sous la coupe de Ehud Schneerson, l’ex-commandant de l’Unité 8200 (l’unité de renseignement électronique de l’Armée de défense d’Israël, responsable du renseignement d’origine électromagnétique et du décryptage de codes, souvent désignée en interne sous le nom de Central Collection Unit of the Intelligence Corps). Paragon agit surtout dans la « threat intelligence » afin de rendre leurs opérations plus discrètes. Plus question de faire les mêmes erreurs que NSO.
Pour les patrons de Paragon, l’espace cybernétique est celui qui façonnera l’avenir de l’humanité, puisque, disent-ils, tout, pratiquement tout, sans exception, passe par l’espace numérique, des appels entre chefs d’Etats sur des questions décisives aux achats en ligne d’une pizza au thon.
De ce fait, 40% de tous les investissements privés dans le monde dans le domaine du cyber sont investis en Israël, et un tiers des « licornes », start-up privées valorisées à plus d’un milliard de dollars, sont israéliennes, dit un article récent publié sur IsraelValley.
Aujourd’hui, le cyber représente 15 % des exportations israéliennes de haute technologie, ce qui en fait, en même temps, un secteur économique florissant, mais aussi un outil politique et militaire de premier ordre.
Et ce sont des entités de ce type, inquiétantes et dangereuses, que le Maroc loue en sous-traitance à nos portes, parfois accompagnés par des personnels israéliens réduits, parfois utilisant la technologie apprise, auxquels s’ajoutent d’autres entreprises comme Elbit Systems, spécialisée dans les systèmes de défense, ou Israel Aerospace Industries, entreprise de aéronautique israélienne, fournisseur de drones-espions spécialisés entre autres, dans le balayage et la collecte d’informations en temps réel.
Là, nous sommes dans une guerre de basse intensité. Silencieuse. Dangereuse. Insidieuse.