Les événements qui se déroulent aux portes sud du pays interpellent. Alors que la guerre en Ukraine s’internationalise et s’intensifie, le curseur se déplace au Sahel. Qu’on en juge :
La Russie, qui est un allié stratégique et « classique » de l’Algérie, installe allègrement son bivouac au Mali.
Les excellentes relations avec le colonel Assimi Goita font que l’alliance a pris racine rapidement et les Russes, au grand dam des Français et des Américains, peuvent estimer avoir posé pied durablement dans cet ex-pré carré français.
Les Etats Unis, qui sont également alliés à l’Algérie, notamment pour le dossier sécuritaire, ne se laissent pas distancer.
Tant que Barkhane était sur place, Washington contrôlait les choses de loin, laissant le soin aux Français d’être présents sur le terrain.
Mais aussitôt Barkhane partie, les Américains se sont subrepticement agités. Aussi, Africom s’est mise à arpenter les espaces saharo-sahéliens.
Mais c’est surtout la récente visite du secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères Anthony Blinken au Niger, qui pose des interrogations.
Niamey serait-il devenu la tête de pont de l’occident face au Mali allié stratégique de la grande Russie ?
Selon les médias maliens, la visite du secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères au Niger « n’est pas un hasard du calendrier ». Car, pendant que le Boeing du chef de la diplomatie américaine se posait sur le tarmac de l’aéroport Diori Hamani de Niamey, deux otages occidentaux sont relâchés par les terroristes.
Il s’agit de l’américain Jeffrey Woodke, un humanitaire travaillant au Niger depuis 1992 au compte de l’ONG JEMED et le journaliste français Olivier Dubois. Le premier a passé six ans dans le désert parce qu’il a été enlevé le 14 avril 2016 et le second y a passé deux ans car son rapt dans la ville de Gao remonte au 8 avril 2021.
Au-delà de la question des otages, c’est la disposition de Niamey qui alimente les soucis des autres capitales sahéliennes : le président Mohamed Bazoum veut-il jouer le même rôle que le président Amadou Toumani Touré dans les années 2000 ? Ou veut-il faire du Niger la tête de pont de l’occident pour faire barrage aux régimes militaires au Mali et au Burkina Faso, se demandent les médias maliens ?