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Alger

Qui cherche à torpiller les relations algéro-tunisiennes ?

L’arrestation, le lundi 17 avril à Tunis, du chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, continue d’alimenter les « analyses » les plus alambiquées.

Le chef islamiste s’était exprimé la veille sur une « guerre civile » qui pourrait éclater à tout moment en Tunisie, et il était de l’ordre républicain de l’auditionner sur ces propos, qui peuvent porter en eux les germes d’une sédition, ou au contraire, les relents d’une mauvaise formulation, de la surenchère, et rien de plus. Donc, vraiment pas de quoi remuer ciel et terre.

Et pourtant, il n’en fallait pas plus pour impliquer l’Algérie dans les « expertises » de certains apprentis sorciers des médias. Il est vrai que la médiocrité ambiante a fait tomber l’analyse politique très bas, mais au moins, il y a des limites, même dans la médiocrité, à ne pas franchir.

Si les médias marocains s’en sont donné à cœur joie pour titrer sur « Ghannouchi lâché par Alger », « Alger connaissait l’aboutissement 48 heures avant les Tunisiens » et autres fantaisies médiatiques, d’autres médias ont emboité le pas. Même le pourtant sérieux Le Monde n’a pas gardé son recul par rapport à l’événement. Et de titrer « Ghannouchi, un enjeu diplomatique entre Tunis et Alger ».

 Pour dire que l’arrestation du chef d’Ennahda, « longtemps « protégé » d’Alger, consacre une nouvelle donne dans la relation bilatérale », car « le lien, dit Le Monde, entre le président du mouvement islamo-conservateur tunisien, très actif sur la scène régionale jusqu’au « coup de force » de Saïed en juillet 2021, et le régime algérien est historique ».

Principal appui du Monde, « Bouteflika reçoit à Alger Ghannouchi à quatre reprises, une fréquence qui témoigne de l’étroitesse du lien ». L’histoire est convoquée pour faire le lien avec un événement qui n’en demande pas tant.

D’autres médias ont titré sur « l’Algérie consultée avant l’arrestation de Ghannouchi », ce qui est « totalement faux », affirme une source diplomatique.

En réalité, les liens étroits entre Alger et Tunis ont incommodé plus d’un. Le voisin marocain payerait très cher pour couper le cordon entre les deux pays. D’autres pays le voudraient également, ne serait-ce que pour poser pied dans un espace maghrébo-sahélien qu’ils affectionnent de bien curieuses manières. 

Il serait toujours utile et judicieux de préciser les principes politiques de l’Algérie en ces temps troubles.

Les fondamentaux de la politique étrangère algérienne sont surtout de ne pas s’impliquer dans les affaires internes des pays voisins, de ne pas se porter hors de son espace géographique propre, de porter secours aux pays voisins, comme elle le fait avec le mali et la Libye, par la médiation et la négociation inclusive, et rapprochant les belligérants pour les mettre autour d’une table de discussions et se retirer, ne revenir à la fin pour parapher et entériner l’accord trouvé entre eux. Bamako et Tripoli en savent beaucoup plus sur ces dossiers épineux que les folliculaires de la petite semaine.

L’alignement de Tunis sur les positions algériennes relatives au Sahara occidental a fait beaucoup grincer des dents. Et ceci expliquant cela… 

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