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Alger

L’urgent et nécessaire retour au CEMOC

Après la Mauritanie, le Mali. Le baptême de feu, si l’on ose s’exprimer de la sorte, du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, intervient au moment le plus délicat dans la région la plus mise sous les feux de l’actualité : le Sahel.

La Mauritanie, dans ces sables mouvants, se présente comme un havre de paix. Après les tensions des années 2000 à 2010, Nouakchott tient à garder une relative paix intérieure pour relancer son développement ; et les choses semble aller dans le bon sens.

Par contre, au Mali, les portes sont ouvertes sur toutes les probabilités. Et c’est dans ce contexte délicat que la visite de Attaf est intéressante.   

Si les deux capitales, Nouakchott et Bamako sont liées à Alger par des liens forts, les interférences du contexte et la géopolitique du moment  peuvent aller dans tous les sens. 

Lors du baptême diplomatique de Attaf en Mauritanie, celui-ci a bien déclaré que cette visite « constitue la preuve de la solidité des relations entre l’Algérie et la Mauritanie ». Le Soudan aura été au centre des discussions, mais pas que. En tant que président en exercice de la Ligue arabe, dont fait également partie la Mauritanie, la mission, on le devine, a été élargie à la Palestine.

Pour le périple malien, il s’agit surtout de faire en sorte que Bamako et la Confédération des Mouvements de l’Azawad reviennent s’asseoir à la table des négociations pour appliquer, amender ou édulcorer certains points de divergences contenus sur le document du Plan d’Alger.

Bamako n’a surtout pas intérêt à se mettre à dos les chefs de tribus de l’Azawad, ce serait se faire hara-kiri que de pousser vers cette éventualité, et le colonel Goïta est le premier à la savoir.

Aussi, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a été reçu, hier, par le président du Conseil national malien de transition (CNT), le colonel Malick Diaw, dans le cadre de la visite de travail qu’il effectue à Bamako, en sa qualité d’envoyé spécial du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

De toute évidence, le Plan d’Alger a été largement évoque, de même que « le rôle du CNT dans la concrétisation des échéances nationales maliennes en lien avec la gestion de la phase de transition actuelle, outre les développements relatifs à la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger, la situation qui prévaut au plan régional, ainsi que le rôle du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (CEMOC) dans la lutte contre les menaces liées à la propagation des deux fléaux du terrorisme et du crime organisé dans la région ».

Après le départ de Barkhane, Tabuka, l’arrêt brusque (il n’a jamais été opérationnel) du G5-Sahel et le flou de la Minusma, il est plus que temps de revenir au travail des « pays du champ » et de réactiver le Comité d’État-major opérationnel conjoint, dont le siège est à Tamanrasset.

Ce mécanisme militaire chargé d’instaurer la paix, de pacifier les zones sujettes à incursions terroristes, est le seul outil opérationnel pour le moment sur qui les pays du champ peuvent objectivement, compter, à un moment très dangereux où l’action multiformes des puissances tend à transposer la guerre d’Ukraine de l’Europe de l’est vers le Grand Sahara.

Sept ans après sa signature, l’accord d’Alger censé apporter la paix et la réconciliation au Mali se heurte à de gros désaccords. Il  met en péril  l’impasse entre Bamako et  la Coordination de mouvements de l’Azawad (CMA), alors qu’au premier virage un djihadisme en constante reconfiguration guette les Maliens.

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