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Alger et Ryad : « mission accomplie » pour la Syrie

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier, le ministre des Affaires étrangères du Royaume d’Arabie Saoudite, son altesse le prince Faisal bin Farhan Al Saud. L’audience s’est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, et du directeur de cabinet à la Présidence de la République, Mohamed Ennadir Larbaoui.

Prise hors contexte l’information peut sembler des plus banales, mais elle intervient à un moment où un événement majeur s’est produit ; le retour de la Syrie dans le giron du monde arabe, après 11 années de bannissement.

Beaucoup d’organes de presse internationaux y vont vu un dépassement de Ryadh de la position algérienne pour prendre le leadership, puisque la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe peut être interprétée comme un succès diplomatique important pour l’Arabie saoudite qui accueillera le prochain sommet de l’organisation la semaine prochaine, se positionnant en tant qu’artisan de ce retournement régional spectaculaire. 

La presse mainstream occidentale s’est engouffrée dans cette impasse, et là il y avait opportunité de faire, elle y a vu divergences et point de rupture. Mais cette même presse, et ses relais, pseudos-journalistes sans vision stratégique ni même informations d’ensemble sur le sujet, se fit aphasique lorsque le prince Faisal bin Farhan Al Saud foula le tarmac de l’aéroport d’Alger.

En fait, c’est lors du dernier Sommet d’Alger que le travail du fond a été fait. Et même avant le Sommet, souvenez-vous-en. La Syrie s’est même elle-même disqualifiée de l’agenda des travaux du Sommet pour lisser les aspérités et apaiser les divergences, une position honorable de la part de Damas, sur conseil d’Alger, et qui eut l’effet de détendre l’atmosphère. 

Le revirement de Riyad sur le dossier syrien ne s’est donc opéré après le Sommet d’Alger, mais était dans l’air, imposé d’abord, par un constat politique. Après une guerre civile dévastatrice, alimentée par du « combustible extérieur », Bachar el-Assad est toujours à la tête de la Syrie. Mieux, il a repris des territoires et repoussé l’opposition armée à ses derniers retranchements. Son éviction n’est plus à l’ordre du jour, et il est appuyé par Ankara et le Kremlin, ce qui est énorme. 

De ce fait, le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe est avant tout, une victoire pour Bachar el-Assad. Et l’Algérie a été devancière sur le dossier. Que MBS s’aligne et fait les choses promptement, puisque tous les ingrédients étaient préparés, c’est tout à son honneur. Mais les deux positions, algérienne, pionnière, et saoudienne, au final, ont été complémentaires. 

De toute évidence, des petits calculs tactiques ou diplomatiques peuvent exister ça et là, et c’est anecdotique, par rapport à l’objectif final, qui était le retour de la Syrie vers sa famille arabe, et l’accord de cette famille de l’accepter et la réintégrer. 

Et c’est suivant cette logique que le ministre des Affaires étrangères du Royaume d’Arabie Saoudite, le prince Faisal bin Farhan Al Saud a fait part d’une « convergence totale » des vues de l’Algérie et de son pays, l’Arabie Saoudite, concernant les différentes questions d’intérêt commun, indiquant que la coopération et la coordination existant entre les deux pays servaient la sécurité et la stabilité dans la région arabe et la communauté internationale, dans un sens plus large.

Cette évidence ne souffrait d’aucun quiproquo majeur ni n’exigeait de commentaire, mais puisque il en fallait un, alors voilà. 

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