Le Parlement européen a voté jeudi dernier, une résolution qui en rajoute une couche. Déjà en froid avec l’Algérie pour son soutien indéfectible aux positions politiques du Maroc concernant le Sahara occidental, le PE peut estimer avoir monté un nouvel étage dans l’escalade et la surenchère.
La résolution qui demande aux autorités algériennes de libérer le journaliste Ihsane El Kadi, à la veille de son jugement ; un jugement qui pouvait très bien aboutir sur sa libération, au vu des dernières mesures d’apaisement prises par le président Tebboune envers la presse nationale, en générale.
La résolution dont il a été à la fois le nid et la source n’a pas été rédigée pour demander de revoir le dossier El Kadi, mais avec des mots menaçants, lourds et hautains, trois difformités qui ont réussi à faire grincer Alger des dents.
Le 3 mai, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait déclaré : « Dire que l’Algérie n’est pas un pays de libertés, qu’il s’agit de la presse ou d’autres domaines, n’est autre que des allégations », assurant que les informations faisant état de journalistes algériens en prison pour leurs opinions étaient « de fausses informations ».
Il a expliqué que « le journaliste actuellement en prison, a été condamné par la Justice pour avoir reçu des financements de parties étrangères, un acte qu’aucun pays n’acceptera ».
Qui, concrètement a été à la source de cette résolution ? Il s’agit vraisemblablement d’une coalition eurodéputés français et espagnols.
Avec 138 eurodéputés à eux deux, cette coalition se présente comme une force pesante au sein du Parlement. Des sources au fait de se qui se passe au sein du bâtiment Louise-Weiss, à Strasbourg (France), où se tient l’ensemble des séances plénières mensuelles, affirment que cette résolution émane des parlementaires du parti du président français Emanuel Macron, qui, d’un côté, affiche un discours mielleux avec Alger, mais d’un autre côté, multiplie les menées souterraines pour aboutir à l’effet contraire.
L’autre force d’eurodéputés de cette pernicieuse coalition, c’est celle des députés espagnols. Pas tous, heureusement, mais ceux qui ont été épargnés par le scandale marocGate et dont ils veulent se venger en mouillant cette fois-ci l’Algérie.
Nous avions rédigé, sur ce même journal, dans notre édition de jeudi dernier, un article dans lequel nous évoquions comment, disqualifié par le Parlement européen et dégagé par la porte, le Maroc prend le raccourci Pedro Sánchez pour revenir par la fenêtre. Et c’est le site conservateur madrilène « El Independiente », qui en ébruite les menées de sous-sol.
Pour « El Independiente », Rabat peut compter sur le soutien du Premier ministre espagnol pour réintégrer l’espace européen.
Le média espagnol qui regrette que Sanchez ait compromis la position de l’Espagne dans sa relation avec l’Algérie, affirme que « la souveraineté territoriale du Sahara occidental est un instrument de mesure des relations du Maroc avec l’étranger. Car, pour le roi Mohammed VI, c’est un enjeu prioritaire. De tous les partenaires européens, le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez est celui qui se rapproche le plus des thèses marocaines sur le Sahara occidental, au point de devenir le grand défenseur de la cause de Mohammed VI à Bruxelles et à Strasbourg ».
Le site explique que le parti de Sánchez, le Parti socialiste ouvrier espagnol, avait tenté de bloquer le 19 janvier 2023 une résolution du Parlement européen dénonçant les atteintes à la liberté de la presse au Maroc.
Enfin, note « El Independiente », le Maroc compte sur le gouvernement espagnol, qui exercera la présidence tournante du Conseil européen au deuxième semestre 2023, pour relayer ses positions sur diverses questions.