On sait tous que le Président de la République a reçu une invitation pour prendre part au Sommet arabe à Djeddah, le 19 mais courant. On sait également que c’est l’ambassadeur du Royaume d’Arabie saoudite en Algérie, Abdullah bin Nassir Al-Bassiri qui lui a remis la lettre d’invitation adressée par le Serviteur des deux Lieux saints de l’Islam, le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud.
Vue sous cet angle, l’invitation a été renforcée par ses effets d’annonce.
Mais que doit-on concrètement attendre de pareille réunion et quelles en seront ses conséquences sur l’architecture du monde arabe ? Tout d’abord, il faut garder en ligne de compte que ce 32e sommet arabe qui doit se tenir en Arabie saoudite le 19 mai, sera précédé de plusieurs réunions sur une période de cinq jours entre les hauts fonctionnaires et ministres. C’est dire que les réglages qui doivent être opérés ne manquent pas.
Ce sommet doit également préparer le terrain à d’autres : le sommet arabe sur le développement en Mauritanie et le sommet arabo-africain en Arabie saoudite. Les dates n’ont pas encore été annoncées.
Il y a également à souligner la présence quasi-importante du président syrien Bachar el-Assad, invité officiellement par Ryadh, invitation qui doit consacrer son retour au sein de la Ligue arabe, d’où il a été « chassé » il y a onze ans.
Le Sommet de Ryadh peut aussi être porteur de reconfiguration au sein de la « famille arabe ». Les récents rapprochements entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, d’un côté, et l’Arabie Saoudite et la Syrie, d’un autre côté, n’ont pas été du goût des certains Etats arabes, qui avaient des divergences avec l’un ou l’autre de ces deux pays, l’Iran et la Syrie. C’est le cas notamment du Qatar et du Maroc, le premier veut conditionner le retour de la Syrie à la maison, alors que le second a toujours été distant avec Téhéran, qu’il égratigne à longueurs de discours officiels.
Mais la reconfiguration n’intéresse pas uniquement en ce qu’elle portera de l’intérieur, car il y a des « contingences externes » à prendre en ligne de compte. La Syrie et l’Iran véhiculeront l’influence de la Russie au sein de la Ligue arabe, de même que l’infléchissement de certains pays avec leurs anciens protecteurs occidentaux pourrait être annonciateur d’une rupture cette fois-ci brutale et franche avec l’hégémonie classique sur le monde arabo-musulman.