La coopération algéro-nigérienne a connu un développement rapide ces dernières années, notamment à travers un intense échange de visites, la création de mécanismes bilatéraux, et la conclusion d’accords permettant à ces deux grands pays africains, partageant les mêmes visions sur les questions régionales et internationales, de renforcer leur partenariat économique et de réaliser des projets stratégiques pour l’intégration continentale.
En effet, la coopération algéro-nigérienne a connu une dynamique soutenue ces derniers temps qui s’est traduite par la mise en place d’un groupe parlementaire d’amitié, la signature d’un accord bilatéral en 2022 portant création d’un Conseil d’affaires pour développer des projets dans divers domaines ainsi que la conclusion de mémorandums pour la réalisation du projet du gazoduc transsaharien, la route transsaharienne et la dorsale transsaharienne à fibre optique reliant Alger à Abuja.
Les deux pays jouissent d’une position stratégique et géopolitique en Afrique, en plus d’avoir des richesses en ressources naturelles, ce qui contribue à construire un partenariat solide avec des projets communs en vue de renforcer la coopération économique et de promouvoir les échanges commerciaux.
Les mécanismes de coopération et les grands projets structurants mis en place par les deux pays s’ajoutent à une intense activité officielle marquée par un échange de visites de délégations ministérielles, de parlementaires et de chefs d’entreprises entre les deux pays.
Dans ce contexte, il y a lieu de citer la visite effectuée en Algérie, en novembre dernier, par le ministre nigérian des Affaires étrangères, M. Geoffrey Onyeama, au cours de laquelle il s’était félicité de la « qualité » des relations bilatérales qu’entretiennent les deux pays aux plans politique et économique.
Ce rapprochement politique entre les deux pays est conforté aussi par d’autres visites de délégations officielles et d’affaires, notamment celles effectuées par des ministres en charge des secteurs économiques, de responsables d’entreprises, en plus de l’importante visite qu’effectuera, à partir de ce dimanche et jusqu’au 21 mai, une délégation de l’Institut nigérian des études politiques et stratégiques nigérian (NIPSS).
Outre les accords conclus entre les deux pays, la coopération bilatérale repose également sur le fait que l’Algérie et le Nigeria sont membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Dans ce cadre, l’Algérie ambitionne d’investir le marché nigérian, notamment dans le domaine des services, le numérique et l’économie de la connaissance. Elle peut également répondre aux exigences du marché nigérian en exportant divers produits tels que les produits agricoles, pharmaceutiques, industriels et du textile.
En termes de relations commerciales, le volume des échanges entre les deux pays a connu une croissance importante, s’élevant à 111,35 millions de dollars en 2022, contre seulement 1,8 million de dollars en 2021.
Au cours de l’année 2022, le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab et le ministre d’Etat nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, ont tenu plusieurs réunions dans le cadre du projet du gazoduc Algérie-Niger-Nigeria (Trans-Saharan Gas-Pipeline, TSGP), en plus d’une concertation permanente dans le cadre de l’alliance Opep+ et l’Organisation des producteurs africains de pétrole (APPO).
Le TSGP, projet qualifié par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, d »œuvre africaine majeure », est d’une longueur de 4.200 km et devant relier le marché européen aux champs gaziers du Nigeria via l’Algérie et le Niger en traversant les territoires de trois pays- Nigeria (1.000 km), le Niger (850 km) et l’Algérie (2.300 km).
Afin de sceller l’accord pour la réalisation de ce méga projet, un mémorandum d’entente a été signé en juillet dernier à Alger à l’issue de la 3e réunion ministérielle tripartite Algérie-Niger-Nigeria. Les études de réalisation de ce gazoduc sont à un « stade très avancé », il ne reste que 1.800 sur 4.000 km à réaliser de cette structure, selon M. Arkab.
Par ailleurs, l’Algérie et le Nigeria se sont engagés à réaliser d’autres projets importants, dont la route transsaharienne et la dorsale transsaharienne à fibre optique. S’agissant du projet de la route transsaharienne, elle est entrée dans sa « dernière phase » de réalisation, a précisé la Banque africaine de développement (BAD), dans un récent rapport, qualifiant cette route « d’essentielle à l’avènement de la ZLECAF ».
D’une longueur de près de 10.000 kilomètres, dont plus de 8.000 km sont actuellement bitumés et livrés, la route transsaharienne traversera 6 pays, à savoir l’Algérie, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigéria.
Quant au projet de la dorsale transsaharienne à fibre optique, il s’agit d’une ligne réalisée en parallèle avec la route transsaharienne, d’une longueur de 4.500 kilomètres. L’Algérie et le Nigéria se sont engagés d’apporter tout leur soutien à la réalisation de cette dorsale, lors de la dernière session du Comité chargé de la réalisation de cette liaison, tenue en juillet dernier.
Ces projets structurants, initiés dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) de l’Union africaine (UA), devaient contribuer à concrétiser une véritable intégration africaine.