Depuis le début du second mandat du président français, Emmanuel Macron, les centres de décisions ne cessent de champignonner. Macron, qui a déjà dénoncé les entraves de l’Etat profond, sans expliquer de qui s’agissait-il, entretient en fait, un « flou artistique » autour de ses décisions et autour des grandes politiques qui engagent son pays.
La stratégie de « parler à plusieurs voix pour se lasser des marges de manœuvres » à démontré ses limites. On l’a déjà vu passer. Lors de la motion de dénonciation du Maroc sur des problèmes de droits-de-l’homme, alors que la France avait été le principal outil de la condamnation, l’ambassadeur de Macron à Rabat avait clairement signifié le lendemain, dans un entretien à un média marocain, que son pays était tout à fait contre cette initiative marocaine. On s’attendait à ce que cette voix dissonante soit au moins rappelée à l’ordre pour avoir enfreint le devoir de mesure en pareille circonstance, d’autant que la position de l’Elysée était claire sur le dossier, mais n’est venu dissiper le doute.
On l’a vu encore lors de l’affaire Amira Bouraoui. Alors qu’il était de l’ordre de l’invraisemblable que le Quai d’Orsay ne fût pas informé de l’exfiltration de la ressortissante franco-algérienne, et que l’Elysée ne fût pas à son tour informé du développement du dossier, d’autant que l’exfiltration a été opérée à partir d’un pays étranger, Paris fit dos rond et laissa passer l’orage sans sourciller.
Mais est-ce que cette politique de la part de l’Elysée est efficace ? À un mois de la visite officielle que devrait effectuer le chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, à Paris, la résolution du Parlement européen contre l’Algérie fait tâche d’huile. Largement dénoncé, tant en Algérie, en Afrique que de par le monde, cette résolution a suscité la colère d’Alger.
Il est tout à fait clair que les eurodéputés français ont pris une part active à a réunion de Strasbourg. Nous avons déjà rapporté dans un précédent article, qu’avec 138 eurodéputés à eux deux, la coalition franco-espagnole, une force pesante au sein du Parlement européen, avait fait du forcing pour faire aboutir la motion contre Alger.
Des sources avisées de se qui se passe dans le bâtiment Louise-Weiss, à Strasbourg, où se tient l’ensemble des séances plénières mensuelles, affirment que le texte de la résolution a été le fait du parti présidentiel français, appuyé par des eurodéputés espagnols proche de Rabat. Car, s’agissant d’un nid de lobbyistes, c’est ainsi que les choses se passent.
L’autre force d’eurodéputés de cette pernicieuse coalition, c’est celle des députés espagnols. Pas tous, heureusement, mais ceux qui ont été épargné par le scandale MarocGate et dont ils veulent se venger en mouillant cette fois-ci l’Algérie.
L’actuel président français est sur un siège éjectable en France (lire page 2). Décriée de tous les côtés, il sera heureux de terminer son mandat. Et durant tout ce temps, il aurait été avisé de résoudre le lourd contentieux avec Alger. Les principaux dossiers, ceux qui fâchent, et non pas les « paroles, paroles, paroles », sont toujours en stand-by. Et c’est justement cette politique décalée entre le propos et le geste qui, au final, lui sera préjudiciable avec Alger.