Outre l’Arabie saoudite, qui a accueilli le Sommet, le roi Abdallah II de Jordanie, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, Mahmoud Abbas, Kais Saied, Bachar al-Assasd, Mohamed Al-Ghazwani et le président du Conseil présidentiel yéménite Rachad al-Alimi étaient parmi les présents, selon des sources officielles et des déclarations privées.
Quel gout laissera le Sommet de Riyad du 19 mai ? Et quelles en seront les conséquences sur la maison arabe ?
La première chose à retenir, car il faut, à ce stade de l’analyse politique, garder en ligne de compte les priorités géopolitiques, c’est le retour de la Syrie dans la « maison familiale ». Tous les médias étaient braqués sur Bachar al-Assad et celui-ci a pu transcender les hostilités du passé et afficher sa disponibilité à travailler de nouveau, de concert avec la communauté arabe. La photo de Bachar avec MBS restera dans les archives, de même que sa poignée de main avec l’émir du Qatar, rapportée par l’agence de presse Sana.
Le retour de la Syrie à la maison arabe aura des conséquences intéressantes sur les alliances arabes. Déjà allié avec l’Iran et le Hezbollah libanais, la Syrie a eu tout l’appui nécessaire de la Russie pour rester debout. Aujourd’hui, après le rapprochement avec l’Arabie Saoudite, et éventuellement avec le Qatar, on peut imaginer une nouvelle refonte de l’architecture politique arabe.
Le dossier palestinien a été présent en force, et c’est une bonne chose face au sionisme, qui aura pu jauger de la disponibilité arabe à ne rien lâcher sur ce dossier. Kaïs Saied a eu les mots les plus percutants sur le sujet et a désigné l’entité sioniste du doigt. Un discours qui a frappé par sa puissance face à un discours fade et gémissant de Mahmoud Abbas.
Dans le chapitre des flops, on peut légitimement, poser des interrogations sur la présence incongrue de Zelensky. Invité-surprise de la dernière minute, il a poussé la délégation syrienne à retirer carrément les écouteurs quand il a commencé son speech.
De toute évidence, la neutralité arabe dans la guerre russo-ukrainienne était réaffirmée. Et MBS devait s’expliquer sur cette présence. Et il l’a fait, le soir même du 19 mai : « Nous avons invité le Président Zelensky pour entendre le point de vue de toutes les parties. Les pays arabes sont neutres depuis le début de cette crise. Nous cherchions à ouvrir le dialogue avec les deux parties, en espérant trouver un moyen de régler le conflit », a indiqué le prince, confirmant que l’invitation du leader ukrainien venait de Riyad, selon Al Jazeera.
Au contraire de ce qui a été dit, l’absence de Tebboune n’était pas liée à la présence de Zelensky. C’était un sujet incommodant mais non décisif, il faut le répéter. Les raisons étaient d’ordre politique et diplomatique. Mais chacun espère que le Sommet aura dépassé ce stade de mésintelligences, et MBS est attendu maintenant pour clarifier les choses avec Alger afin passer aux dossiers prioritaires.
Autre clou du Sommet, le discours de Zelensky, plus long que de mesure et carrément dérangeant. Il a pris, en effet, beaucoup de temps pour s’apitoyer sur « les pauvres musulmans qui se font tuer en Ukraine » afin d’ameuter la communauté arabo-musulmane.
Mais comme on ne peut pas échapper à sa vocation, il n’a eu aucun mot sur les Palestiniens qui se font tuer à quelques kilomètres de là ni aucun mot sur les sionistes qui leur faisaient une chasse criminelle.
Gageons que c’est dans une perspective de présenter une alternative crédible aux belligérants du conflit russo-ukrainien que MBS avait fait venir Zelensky à Riyad. Car MBS, avec toute l’audace qui le distingue, prend très au sérieux les avertissements de Washington quant à toute aide ou rapprochement opérés avec Moscou. Le raccourci Zelensky permet d’éviter d’être mis trop à découvert devant les Etats Unis, en jouant les médiateurs pesants sur la scène internationale. C’est une lecture de la situation, car les Etats Unis n’ont jamais caché leur jeu de stratégie au bénéfice de leur seul intérêt.