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« La sidérurgie peut exporter facilement pour 1,5 milliard de dollars »

Dans cet entretien, Ali Bey Nasri, ex-président de l’Anexal, expert en commerce extérieur, aborde le potentiel algérien à l’exportation à court et moyen terme ainsi que les contraintes à l’exportation. Il souligne la nécessité de valoriser les hydrocarbures car la plus-value avec cette transformation est dix fois plus importante.

L’Express : Quelle a été l’évolution du niveau des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie ?

Ali Bey Nasri : En 2022, l’Algérie a exporté pour 6,6 milliards de dollars. Concernant les quatre premiers mois de 2023, le chiffre a été annoncé officiellement : 2 milliards de dollars pour les quatre premiers mois de l’année en cours. L’objectif du gouvernement est de réaliser 13 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures en 2023.  Je sais que tous les ministères sont mobilisés pour réaliser cet objectif.  Je sais que des réunions dévaluation se tiennent actuellement pour déterminer ce qu’il faut faire pour atteindre cet objectif.

Quels sont les secteurs qui vont contribuer de manière significative à la réalisation de cet objectif ?

Ce sont les produits actuels qui ont permis d’atteindre le niveau d’exportation de 2022. Je citerai la sidérurgie. Cela en augmentant les volumes à exporter. La filière exporte pour 950 millions de dollars, pour un volume de 3 millions de tonnes de produits sidérurgiques vendus à l’étranger. Elle peut aller facilement jusqu’à 1,5-1,6 milliards de dollars d’exportation. Pour le ciment, il y a un problème de capacité de chargement dans les ports. On peut exporter pour 10-15 millions de tonnes.  La filière peut doubler ses exportations. Elle a exporté pour 400 millions de dollars. Elle peut atteindre le chiffre de 800 millions de dollars. Le problème, c’est la capacité de chargement des ports qui est insuffisante. La capacité de chargement des navires, en un mot, pose problème. Pour les engrais, il ne faut pas parler de volume, il faut parler beaucoup plus du prix. Pour l’ammoniac, l’urée, l’ammonitrate, l’Algérie a exporté pour 4 milliards de dollars en 2022. Il faut savoir que ces exportations sont intimement liées au prix du gaz et intimement liés au prix du baril de pétrole. Si le prix du baril de pétrole baisse, la valeur de ces exportations baisse. Pour les fertilisants donc, si le prix du baril de pétrole augmente, leur valeur augmente.

Qu’en est-il des autres dérivés des hydrocarbures qui sont inclus dans les exportations hors hydrocarbures ?

Je vais inverser la question. Cette conception de dérivés d’hydrocarbures inclus dans les exportations hors hydrocarbures est typiquement algérienne. On exporte de l’ammoniac qui est constitué à 70% de gaz.  Quand on l’exporte, on le vend à 1000 dollars la tonne. Il convient donc de valoriser le gaz. Le gaz valorisé peut donc coûter à l’export plus de 1000 dollars la tonne. Je préfère la valorisation du gaz à travers la pétrochimie. L’Algérie importe pour 1 milliard de dollars de produits de plasturgie. Il faut savoir que pour le PET (emballage plastique destiné à l’eau minérale et autres boissons), on l’importe de l’Arabie Saoudite alors que le gaz est composé de l’éthane, avec le vapocraquage d’éthane, on peut produire localement la matière première pour obtenir ce PET, avec les polymères, les polyamides, on peut fournir la matière première pour toute l’industrie plastique. Si on valorise le phosphate, le produit fini se vend à 700 dollars, alors que ce minerai est vendu seulement à 80 dollars à l’international.

Comment situez-vous notre potentiel à l’export des produits pharmaceutiques ?

Personne ne pourra vous le dire. Parce que la réglementation qui régit ces exportations est une contrainte pour les opérateurs de la filière.

Quels sont les contraintes qui persistent à l’exportation ?

La réglementation des changes constitue l’une des principales contraintes à l’exportation. Parce qu’elle n’est pas en phase avec les standards internationaux. Par exemple, un opérateur ne peut pas investir dans la création d’un bureau de liaison à l’étranger alors que c’est nécessaire pour pénétrer le marché notamment africain. Jusqu’à quand l’entreprise algérienne ne peut pas se développer à l’international comme les autres pays.

Qu’en est-il des perspectives à moyen terme des exportations hors hydrocarbures ?

Le constat est le suivant : 80% des exportations réalisées actuellement est le fruit de dix années d’investissement. Cela veut dire qu’il faut investir aujourd’hui pour l’avenir, pour maintenir et augmenter nos exportations à moyen long terme. Il faut voir aujourd’hui dans quels créneaux investir, tenir compte de la demande mondiale. Il faut voir quels sont les métiers du futur.

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