Attal rappelait que « dans 70% des cas, la fraude (aux prestations de santé) est à l’initiative d’un professionnel de santé » et exposait par les chiffres le rapport de la Cour des comptes sur la fraude sociale. Son montant ? Entre 6 et 8 milliards d’euros par an, quand l’administration parvient à péniblement récupérer 1,6 milliard d’euros.
Alors, pour « changer d’échelle », comme l’exhorte la Cour, le gouvernement sort la grosse artillerie. Et elle va consister à « traquer » les retraités jusqu’à chez eux ! Or qui seront de manière plus précise les retraités « traqués » ? De toute évidence les Algériens, car leur cas avait déjà été traité par les médias et les politiciens, et le gouvernement n’a fait que reprendre à son compte la surenchère politicienne ambiante, signe malheureux que le gouvernement Borne est également tributaire de ses opposants.
Maintenant, l’objectif pour le gouvernement Borne est de contrôler les retraités vivant hors d’Europe et « renforcer » les conditions de résidence en France « pour bénéficier d’allocations sociales », et ce, dans le cadre d’un plan anti‐fraude sociale.
Estimant le préjudice onéreux, le ministre français a présenté une série de mesures parmi lesquelles une fusion de la carte Vitale et de la carte d’identité, l’obligation de résider neuf mois en France et le contrôle des retraités vivant hors d’Europe.
Attal a fait savoir qu’il faudra désormais passer neuf mois de l’année dans le pays, contre six prévus actuellement, pour bénéficier des allocations familiales ou du minimum vieillesse. De même, pour les APL, qui ne nécessitent que huit mois de présence pour l’heure.
« À partir du 1er juillet prochain, il n’y aura plus de versement d’allocations sociales sur des comptes bancaires étrangers hors Union européenne. À partir du 1er janvier 2024, les fraudeurs payeront 10 % de pénalité en plus, correspondant aux frais de dossier, car il est hors de question que les Français « payent pour la fraude de ceux qui trichent », a précisé le ministre français, qui a visé l’Algérie en avançant que sur « 500.000 retraités hors d’Europe, 300.000 résident en Algérie ».
Le sujet est dans l’air depuis le début de l’année en cours. « Où vivent les retraités de France établis à l’étranger ? » Sous ce titre évocateur, la France s’attaquait déjà aux retraités algériens de régime français. Car un million de bénéficiaires de l’assurance retraite est installé à l’étranger, rapportait récemment actuorange.fr, en précisant qu’aussitôt la pension en poche, les retraités retournent dans leur pays d’origine, d’autres s’expatrient.
Les retraités algériens de régime français semblent être devenus le nouveau sujet de discussion de l’extrême‐droite française et des nuances politiques qui s’alignent sur les positions de Le Pen, Zemmour et consorts. Après la polémique générée par une fausse lecture d’un rapport qui suggérait que seuls 18% des retraités du régime général français résidant en Algérie sont en droit de recevoir une pension, un tweet du député LR Juvin avait laissé entendre « ne pas comprendre pourquoi des Algériens de 125 ans touchent encore leur retraite française, ce qui coûte plusieurs centaines de millions d’euros à la France… et aux travailleurs français ».
Pourtant, il s’agit là d’une pension gagnée haut la main par des femmes et des hommes qui ont travaillé pendant plusieurs décennies en France, et cette pension n’est que le versement de leurs cotisations ; or revenir sur ce principe revient à gérer une anomalie française par une escroquerie d’Etat.