L’accès à d’autres réalités, d’autres manières de vivre, d’autres sensibilités de la part des élèves à travers textes et activités peut porter à croire que les bénéfices culturels de l’enseignement bilingue vont de soi. Mais peut‐on laisser l’apprentissage de la culture au hasard des occasions qui se présenteront?
Il convient de ne pas oublier que les élèves doivent connaître le domaine de références auquel renvoient inévitablement les messages ou les écrits auxquels ils sont exposés et qui va conférer du sens à ce qu’ils entendent ou ils lisent.
L’enseignant doit, par conséquent, déterminer non seulement comment enseigner la culture mais aussi, et avant cela, quel est exactement le type de culture qu’il va enseigner.
Le mot culture a une pluralité de définitions, mais nous retiendrons ces deux significations: La culture entendue au sens courant, comme connaissance des œuvres de l’esprit ‐ peinture, sculpture, littérature, musique ‐ . La culture dans le sens anthropologique, entendue comme « ensemble de pratiques communes, de manières de voir, de penser et de faire qui contribuent à définir les appartenances des individus » (Porcher, 1995)
L’enseignement de chacun de ces types de culture entraînera des pratiques pédagogiques différentes qui feront l’objet de réflexions différentes.
Enseignement de la langue étrangère et culture
L’enseignement de la culture au sens 2 dépend de la didactique des langues et des cultures. Les acceptions communément admises de la notion ou l’idée de culture, dans ce domaine, sont les genres de vie, les moeurs, les valeurs, les caractéristiques de l’organisation des sociétés. Et c’est dans ce sens qu’une nouvelle approche de l’enseignement de la culture française procède de l’interculturalité.
Enseignement des disciplines et culture
Dans l’enseignement de la culture au sens 1, la démarche relève de la didactique des disciplines. Les pratiques pédagogiques à mobiliser et les concepts qui les constituent ne sont pas les mêmes que pour l’enseignement de la culture au sens anthropologique.
En effet, les formes d’enseignement, pour une même discipline, dans deux langues différentes, peuvent considérablement varier selon les cultures et les traditions éducatives. Dans le cas d’une tradition éducative, le cours magistral peut dominer alors qu’une diversité de pratiques s’imposent dans l’autre.
Chaque langue varie ou façonne un peu, à sa manière, à différents niveaux, la représentation des connaissances qui s’expriment, se construisent ou se traduisent par son intermédiaire. Si l’enseignement de la culture au sens anthropologique, mais aussi dans son sens courant, concerne les matières spécifiques en premier lieu, la Langue et Littérature françaises, mais aussi l’Histoire d’Espagne et de France, il pourra être abordé également à travers d’autres disciplines.
La définition même du terme culture est assez explicite dans ce sens: « ensemble de pratiques communes, de manières de voir, de penser et de faire »; les méthodologies disciplinaires, les pratiques scolaires utilisées pour l’enseignement/ apprentissage des disciplines sont, en effet, des pratiques communes, imprégnées de culture. Interculturalité Le Cadre européen commun de référence pour les langues ‐ CECRL‐ souligne l’importance d’une prise de conscience de la dimension interculturelle » et du « savoir être » comme un facteur de la compétence de communication.
La notion d’interculturalité renvoie davantage à une méthodologie, à des principes d’action, qu’à une théorie abstraite. L’approche interculturelle se réalise à la fois par l’adoption d’une certaine façon de voir et de vivre les choses et par l’application de principes dans la pratique pédagogique. Elle cherche à faciliter la compréhension de l’autre d’un point de vue linguistique.
En effet les mérites de cette approche dépassent les aspects strictement linguistiques: elle permet à l’apprenant de développer certains aspects importants comme une ouverture au monde, une approche moins superficielle de l’autre; elle forme dans la tolérance et le respect pour les autres cultures.
Finalement, elle permet à l’élève de mieux investir son identité culturelle propre par l’effet de la comparaison entre deux faits ou deux usages dans les deux cultures (Leylavergne et Parra).
Afin de réussir l’approche interculturelle, quelques pistes sont proposées:
- Intégration de l’activité interculturelle chaque fois que possible.
- Intégration de la perspective interculturelle dans d’autres activités pédagogiques comme le travail sur le lexique, la grammaire, la prononciation…
- Utilisation de documents authentiques ou « pédagogisés » (transformés en vue d’une exploitation pédagogique) récents, d’actualité, bien présentés, correspondant à des objectifs précis.
- Activités courtes, dynamiques, attractives pour des apprenants qui se lassent souvent vite.
- Travail dans le sens inductif
- déductif et non dans le sens inverse. « C’est l’apprenant qui doit arriver à la «règle » et non l’inverse ».
- Autonomie progressive des élèves dans leurs pratiques interculturelles.
L’approche interculturelle est d’abord faite dans la classe de langue ‐ c’est‐ à‐dire induite par le professeur‐ puis, peu à peu, assumée par l’apprenant lui‐même de manière à construire sa propre connaissance de la culture de la langue cible, selon ses besoins.
M.Dj.