La première lecture du communiqué diffusé samedi soir par le ministre algérien des Affaires étrangères donne déjà la mesure des risques « imminents ». L’Algérie « regrette profondément » que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée au Niger, à un moment où l’intervention militaire dans ce pays se précise, souligne le communiqué, qui précise, en outre, que l’Algérie « demeure animée d’une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées ».
Clair, net et précis, pour signifier que des parties travaillent, malheureusement, contre l’intérêt des pays de la région. Ces pays sont identifiés et connus par leurs liens de vassalité aux puissances. Mais attention au retour de flamme. Si la guerre commence, elle ne finira pas de sitôt, soyez‐en certains. Car elle couvrira en même temps le « big reset », voulu par Schwab et ses partisans mondialistes, annoncera le retour et la revanche de la « françafrique » et fera en sorte de faire pencher la balance au profit des puissances occidentales dans leur guerre à distance avec les puissances de l’Est.
Le ministre des Affaires étrangères du président Bazoum avait signé le soir du pronunciamiento un accord permettant à la France d’utiliser la force militaire pour mener des frappes sur le palais présidentiel. Le document a été identifié et dévoilé, hier, par le quotidien français Le Monde.
C’était le plan A. Observez bien qu’à ce stade de la stratégie militaire, le X factor est relégué au dernier rang du plan. Une éventualité qui ne sera prise en ligne de compte que lorsqu’elle surviendra. Donc tout est programmé pour fonctionner au quart de tour. Sinon, on passe au plan suivant.
Dans ce contexte électrique, le département américain de la Défense parle pour le moment d’une « élaboration de plans par précaution », alors que le commandant de l’US Force en Afrique, le général James Hecker, rappelle qu’aucune décision n’a encore été prise par l’administration Biden. Comprenez bien en termes de stratégie que « aucune décision n’est prise » signifie officiellement, car les plans de rechange sont déjà opérationnels, d’autant que les bases de drones américaines à Niamey et Agadez sont hypersensibles pour Africom afin de contrôler la Libye et tout le Grand Sahara.
Un autre plan est aux portes, dans la zone dite des Trois Frontières (située à cheval entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso). Il s’agit du « plan Daesh », celui‐là même qui a été mis sur les rails en Irak et en Syrie. Ce plan est déjà prêt à être lâché. Comme par hasard, il y a trois semaines, une « parade militaire » a été organisée par l’Etat islamique à la frontière du Niger, avec le défilé de centaines de terroristes motorisés (la moto est le moyen de mobilité le plus efficace dans le désert) et armés pour une longue guerre d’usure (voir photo).
La parade avait été organisée le 3 août, officiellement, à l’occasion de l’élection du nouvel émir, Abi Hafs Al Hachemi (un émir fantoche qui se trouve être dans la zone de conflit de Adlib, en Syrie, et donc inconnu de ces apprentis‐terroristes sahéliens), mais elle avait pour objectif principal d’opérer une démonstration de force à l’attention du monde entier.
Toute cette puissance de feu terroriste était regroupée en même temps et dans un même lieu pour ces superpuissances occidentales qui les observaient en temps réel et pouvaient les réduire en cendres en cinq sec. Aujourd’hui, ces éléments de Daesh, manipulés, noyautés et téléguidés, s’agitent dans leurs starting‐blocks. Les fauves vont être lâchés d’un moment à l’autre.
Cependant, le plan le plus intelligent pour les puissances consiste à faire actionner un mécanisme local, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, la Cedeao. Cela permettra aux véritables décideurs de rester à l’écart et de ne pas se mettre à dos les Africains. Pourtant, trois Etats seulement sont en train, au sein de l’Ecwas, de pousser vers la guerre. Les présidents de ces Etats sont connus pour leurs alliances de sujétion avec les puissances occidentales ; certains sont encouragés par l’entité sioniste ; et tous, pour se donner de la consistance, de la légitimité et de la crédibilité, font monter les enchères, quitte à se mettre en totale contradiction avec la décision de l’Union africaine d’aller vers la négociation, et des pays directement concernés par une éventuelle déflagration d’ampleur, comme l’Algérie, le Mali et le Burkina Faso.
Mais une guerre au Niger signifierait également le suicide de la Cedeao, et chaque président aura les retombées de cette guerre insidieuse dans son propre pays. Le retour de flamme va choquer plus d’un président africain. Dix années de chaos en Libye, et ce n’est pas fini ; si la guerre intervient, ce sera vingt, trente ou cinquante ans d’agitation au Sahel, avec des conséquences désastreuses sur toute la triple région maghrébo‐saharo‐sahélienne.
La guerre au Niger, une fois déclenchée, va ouvrir les portes toutes grandes à « Daesh et ses sept sœurs », et alors, bienvenue au terrorisme pour une très, très longue période. Mais n’était‐ce pas là le souhait du « big reset » ?