Le monde vit aujourd’hui une guerre économique dont la scène énergétique mondiale en est un des fronts. Mais le cœur de cette guerre économique est le savoir, l’innovation, la technologie. La puissance des Etats pétroliers ne réside plus dans le niveau de leurs réserves et de leurs productions mais dans celle de leur compagnie pétrolière.
Dans l’univers hautement compétitif de la globalisation, la puissance des Etats repose sur celle de leurs firmes, elles‐mêmes articulées à l’université et à la recherche. L’Algérie doit postuler à une insertion active par sa compagnie nationale. Viser à être un acteur des transformations en cours. Sonatrach a l’expertise.
Les compagnies pétrolières font leur mue et tendent à devenir des compagnies énergétiques, fournissant « from well to wheel », du puits à la roue, indifféremment carburants, molécules de gaz et kilowattheures. Elles tendent à prendre le train de la transition énergétique, en s’investissant dans les renouvelables, pour en gagner le leadership.
Le niveau des réserves, 0.9% des réserves pétrolières mondiales et 2.5% des réserves gazières mondiales ne permet pas d’autres choix, alors que le pays a une expérience et une compagnie en mesure de l’inscrire dans une trajectoire d’expansion robuste et durable, tirant avantage du dynamisme de la scène énergétique.
Dans cette perspective, tous les stratèges le savent, un challenger a plus de chances de progresser qu’un leader pour autant qu’il en ait l’ambition et la passion pour le devenir.
En matière énergétique, l’Algérie a fait du chemin, mais il faudrait absolument qu’elle en fasse encore davantage. Elle est sur une bonne pente. Elle fait partie des pays qui vont dominer le marché gazier à l’échelle de l’Afrique. L’Algérie, l’Egypte et le Nigeria devraient dominer le marché entre 2023 et 2027. A plus long terme, de nouveaux acteurs émergents comme le Mozambique, la Tanzanie, la Mauritanie et le Sénégal devraient prendre progressivement le relais.
La production de gaz naturel en Afrique devrait augmenter de 65% d’ici 2035 pour atteindre 41,6 milliards de pieds cubes par jour (Mpc/j), grâce notamment à l’entrée en production de gisements situés dans de nouveaux eldorados gaziers comme le Mozambique, la Tanzanie, la Mauritanie et le Sénégal, selon un rapport publié par la Chambre africaine de l’énergie (AEC).
Intitulé « The State of African Energy Q2 2023 Outlook », le rapport précise que la production de gaz naturel en Afrique devrait enregistrer cette année une croissance de 1% par rapport aux niveaux de 2022 pour s’établir 25,5 milliards Mpc/j. Trois pays devraient assurer la majorité de la production de ce combustible fossile sur le continent entre 2023 et 2027 : l’Algérie, l’Egypte et le Nigeria.
L’Algérie verrait ses volumes de production passer de 10 Mpc/j en 2023 à 11 Mpc/j en 2027. La production de l’Egypte devrait rester stable à 6,25 Mpc/ d’ici 2027, alors que celle du Nigeria devrait fluctuer légèrement entre 4,5 et 5,5 Mpc/j. A plus long terme, ces pays verraient cependant leur part dans la production totale du continent se réduire, car la production de leurs gisements déjà en exploitation devrait baisser de 5% en moyenne par an d’ici 2035.
La majeure partie des capacités de production supplémentaires proviendra de champs qui sont actuellement en phase de prédécision finale d’investissement (Pre‐final investment decision). Ces champs sont notamment situés dans des pays qui jusqu’ici n’exploitaient pas les combustibles fossiles comme le Mozambique, la Tanzanie, la Mauritanie, le Sénégal et l’Ethiopie.
Le rapport révèle également que les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) du continent sont estimées à environ 49 millions de tonnes par an (Mtpa) en 2023. Ces exportations devraient chuter à 43 millions Mtpa en 2025, avant de remonter à 48 millions Mtpa en 2026.
Sur le court terme, les flux de GNL en provenance de l’Afrique proviendront principalement du Nigeria et de l’Algérie, qui représenteront près de 65 % des exportations du continent. Le rapport souligne d’autre part que la production africaine d’hydrocarbures liquides (pétrole brut et condensats) devrait se situer à une moyenne de 6,66 millions de barils par jour (bpj) en 2023, soit un niveau légèrement supérieur à celui enregistré en 2022.
Ce volume est cependant inférieur à une précédente estimation de 7 millions de barils par jour datant du premier trimestre de l’année en cours, en raison notamment de la hausse des arrêts de production. Entre janvier et mai 2023, quelque 180 000 bpj de production ont été perdus en raison d’interruptions non planifiées liées à des accidents, des troubles civils, des attaques contre les infrastructures et des grèves.
En outre, 83 000 bpj supplémentaires ont été perdus en raison des opérations de maintenance planifiée s des installations au cours du premier semestre 2026. Le Nigeria, la Libye, l’Algérie, l’Angola et l’Egypte, devraient représenter ensemble plus de 80 % de la production d’hydrocarbures liquides du continent durant l’année en cours.
Sur un autre plan, le rapport révèle que les besoins en investissements dans l’amont gazier et pétrolier (l’exploration et la production) en Afrique sont estimés à 457 milliards de dollars d’ici 2030, un montant en légère hausse par rapport aux estimations annoncées lors du premier trimestre de l’année en cours (443 milliards de dollars).
La Chambre africaine de l’énergie souligne par ailleurs que la capacité totale installée des énergies renouvelables en Afrique devrait passer de 18,5 gigawatts (GW) en 2023 à 33 GW en 2025 avant d’atteindre 260 GW en 2035, grâce notamment de la hausse des investissements dans l’éolien et l’hydrogène vert.