9.9 C
Alger

La Libye est empêtrée dans une crise diplomatique

Le gouvernement libyen a annoncé dimanche que Najla El Mangoush faisait l’objet d’une «enquête administrative», après que le ministre des
Affaires étrangères d’Israël Eli Cohen a révélé s’être entretenu avec elle la semaine dernière.

Alors que tous les yeux sont braqués sur Niamey et Abderrahmane Tiani, il serait utile de regarder vers la Libye, pays central de la première grande déflagration du Sahel en 2011. Deux événements importants sont venus se greffer l’un à l’autre pour converger vers un ensemble plus cohérent dans la compréhension du fait politique : la rencontre‐surprise de Najla El Mangoush avec son homologue israélien en Italie et le début du mouvement militaire d’envergure du maréchal Khalifa Haftar vers le sud, au motif de faire pièce aux groupes armés tchadiens.

Rapprochés des autres événements de la région ‐ mouvement de l’armée française au sud de la Libye, positionnement des armées malienne et burkinabé au Niger, frémissements d’Alassane Outtara au sein de la Cedeao, etc. ‐ les deux événements de la Libye complètent un tableau qui promet d’être plus clair et plus cohérent les prochains jours.

Najla El Mangoush est aujourd’hui, limogée, sur fond de sa rencontre avec son homologue israélien à Rome, la semaine dernière, selon les déclarations d’une source du ministère libyen des Affaires étrangères à Anadolu. Si elle précise que la rencontre était « informelle », le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, lui, a déclaré à la presse israélienne qu’il avait eu, pour la première fois dans l’histoire, une rencontre avec la ministre libyenne des Affaires étrangères.

Sur ce timing, le maréchal Haftar lance une opération militaire contre des rebelles tchadiens. Pour quelle raison ? Les forces armées du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, répondent que la vaste opération militaire dans le sud du pays vise à déloger des rebelles tchadiens.

Des frappes aériennes ont été menées près de la frontière avec le Tchad. Prétexte fragile au vu de la situation interne au Tchad qui ne permet pas pour le moment à N’jaména de poursuivre ses opposants à la lisière libyenne, où la puissante communauté toubou se concentre.

Le mouvement de Haftar est inquiétant à plus d’un titre, car son action militaire a été déclenchée au lendemain de son entrevue avec une délégation de responsables militaires russes, menée par un vice‐ministre de la Défense, et qui est arrivée en Libye sur invitation du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays.

Selon les propos du porte‐parole de Haftar, l’objectif de cette opération militaire est d’étendre l’autorité de l’armée libyenne (comprendre : celle de la Cyrénaïque) sur l’ensemble du territoire libyen. Clair, net et sans quiproquo.

Reste maintenant à savoir si ce mouvement est en relation avec celui de la France dans le Fezzan, car les Français démentent pareille
initiative militaire, rapportée par des spécialistes de la question depuis une semaine déjà. La question est de savoir si ces événements, créés dans le sillage de la crise politique au Niger, sont de nature à porter préjudice directement ou indirectement à l’Algérie.

Car, à cette strate de l’analyse géopolitique, la concentration d’une telle somme d’événements dans la proche périphérie de l’Algérie est symptomatique d’une situation cohérente.

Remarquons, enfin, que ces événements sont enclenchés alors que la médiation d’Alger pour imposer une solution politique au Niger prend
forme.

Articles de meme catégorie

- Advertisement -L'express quotidien du 11/12/2024

Derniers articles