L’émissaire des Nations Unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, est arrivé lundi à Laâyoune pour des consultations « avec toutes les parties concernées », sa première visite dans les territoires occupés depuis sa nomination, a annoncé l’ONU. M. de Mistura « attend avec impatience d’effectuer des visites dans la région et de mener des réunions impliquant toutes les parties concernées avant la publication du rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité en octobre », a indiqué l’ONU dans un communiqué.
Cette visite a pour « perspectives de faire progresser de manière constructive le processus politique sur le Sahara occidental », a ajouté la même source. Nommé en octobre 2021, Staffan de Mistura s’est depuis rendu plusieurs fois dans la région (mais jamais encore à Laâyoune) pour rencontrer les différents acteurs sans que le processus politique ne reprenne.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé fin octobre 2022 les « parties » au conflit à « reprendre les négociations » pour permettre une solution « durable et mutuellement acceptable ».
Cette visite constitue un nouveau revers pour le Maroc. Explication : l’émissaire de l’ONU prévoit toujours de se rendre à Laâyoune. Mais Rabat l’en empêchait. Qu’est ce qui a changé ? Le journal espagnol El Confidencial s’est intéressé à cette visite. Il a indiqué dans sa livraison d’hier que « la préparation du déplacement s’est faite dans la plus grande discrétion par Rabat, afin d’éviter des manifestations de la population locale favorable à l’autodétermination.
Et de souligner : « Ce n’est qu’après l’atterrissage de l’avion de Staffan de Mistura à Laâyoune que les Nations Unies ont annoncé officiellement la visite ». El Confidencial a fait témoigner Aminatou Haidar, la célèbre militante sahraouie des droits de l’homme. Elle a eu cette déclaration : « Dans les jours qui ont précédé la visite, la présence policière marocaine a été renforcée dans la ville sahraouie occupée et tous les militants nationalistes ont été mis sous forte surveillance ».
Elle a ajouté que « les Sahraouis vont descendre dans la rue pour faire entendre à l’envoyé spécial du SG de l’ONU leur attachement à l’autodétermination ».
Selon les informations du même journal, qui cite des sources diplomatiques, la visite de De Mistura au Sahara occidental occupé a pu se concrétiser après un énorme coup de pression des États‐Unis sur les autorités marocaines.
Il est bon de rappeler que Donald Trump avait reconnu la « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental en décembre 2020, en contre‐partie de la normalisation des relations du Maroc avec Israël.
Même si l’administration Biden n’a pas fait annuler la décision de Trump, elle a néanmoins « stoppé tout progrès » dans le processus, note le journal espagnol, qui rappelle en outre que Washington est revenu sur l’engagement de Trump d’ouvrir un consulat à Dakhla et a refusé que les manœuvres militaires conjointes avec le Maroc, African Lion, couvrent les territoires sahraouis occupés.
El Confidencial souligne par ailleurs que depuis quelques mois, toutes les rencontres du secrétaire d’État Anthony Blinken et son adjointe Wendy Sherman avec leurs homologues marocains et algériens, se sont conclues par des déclarations « énergiques » de soutien à De Mistura.
Les consultations avec celui‐ci « s’intensifient », en prévision de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara occidental qui aura lieu à la fin du mois d’octobre prochain, ont indiqué des sources américaines.
Les camps de réfugiés de Tindouf ont reçu la visite pour la première fois d’un responsable du Département d’État, Joshua Harris, en charge de la zone Afrique du Nord.
Le haut responsable américain y a rencontré le président Brahim Ghali et d’autres membres de la direction sahraouie. Le journal espagnol estime que la portée de cette visite est « politique et non strictement humanitaire »