Le coup d’envoi de la « semaine de haut niveau » de l’Assemblée générale des Nations unies donné hier à New York, s’est déroulé sans la présence de quatre dirigeants des cinq grands pays membres permanents du Conseil de sécurité. Hormis Joe Biden, le président des États‐Unis, qui a marqué sa présence à cette assemblée annuelle de l’ONU, les présidents chinois, russe, français et le Premier ministre britannique ont manqué au rendez‐vous.
Que cache cette « école buissonnière » de ces grands membres du Conseil de sécurité alors que de nombreux sujets sensibles, à l’exemple de la multiplication des conflits, la crise mondiale du coût de la vie, l’aggravation des inégalités et l’urgence climatique… imposent la mobilisation, l’implication et l’engagement de tous les dirigeants du monde ! Rien que sur le plan symbolique, l’absence de quatre dirigeants sur cinq, des pays qui disposent d’un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, suscite moult interrogations.
L’ONU, née en avril 1945 aux Etats‐Unis, soumise aux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, est‐elle en train de prendre l’eau ? De perdre de son influence ? De se muer ? Les multiples appels à sa réforme et à la refonte du Conseil de sécurité montrent que cette organisation entre les mains d’une poignée de pays est en train de s’essouffler.
La politicienne suisse Nathalie Yamb, persona non grata, notamment aux Etats‐Unis et en France, a même appelé les pays africains à quitter cette organisation si l’on ne supprime pas le statut de membre permanent avec droit de veto au Conseil de sécurité et si l’on n’accorde pas, sur un pied d’égalité, une voix pour chaque pays membre.
Et ce ne sont pas les arguments qui manquent pour justifier ces réformes réclamées par de nombreux pays. Le seul fait que la population musulmane mondiale, estimée à plus de 1,5 milliard, et le continent africain avec ses 1,2 milliard d’habitants ne soient pas représentés parmi les membres permanents du Conseil de sécurité suffit à comprendre les inégalités flagrantes au sein de cette organisation censée, comme le souligne son secrétaire général, Antonio Guterres, réparer des injustices historiques, panser les divisions mondiales et mettre le monde sur la voie d’une paix durable.
Et ce ne sont pas seulement ces appels récurrents à sa réforme qui expliquent le malaise onusien ; les divisions et les grandes divergences sur un très grand nombre de questions géopolitiques et même sur la lutte contre le dérèglement climatique montrent également la fragilité de cette organisation contrôlée jusque‐là par une poignée de pays.
En tout cas, il existe une multitude de raisons qui plaident amplement pour la réforme de l’ONU pour la mettre réellement au service de la paix, de la sécurité et du développement universels.