Après l’annonce faite par le président français Emmanuel Macron concernant le rappel imminent de son ambassadeur au Niger ainsi que le retrait de ses soldats d’ici la fin de l’année, les données changent au Sahel. Désormais il va falloir travailler de concert entre les «pays du champ» pour remettre sur les rails une paix fragilisée, voire rompue.
Les bruits de bottes se font entendre entre les «frères‐ennemis» au Nord‐Mali, le CMA a déterré la hache de guerre, si l’on ose s’exprimer de la sorte, et Bamako croit comprendre que les armées loyalistes font désormais face à une coalition rébellion‐terrorisme. Ce qui est totalement faux.
La coalition du Mouvement pour le Salut de l’Azawad s’est ralliée à Bamako afin de ne pas faire l’objet d’un amalgame avec les autres mouvements, «qui peuvent faire le jeu des groupes terroristes», alors que le groupe paramilitaire Wagner jette tout son poids dans cette guerre, avec les dégâts collatéraux que l’on devine.
Alors qu’on redoutait une potentielle guerre au Niger, voilà que le danger pointe du Mali, et les deux pays sont aux portes sud de l’Algérie. Donc, il va falloir mettre sous la loupe cette région et mettre également les bouchées doubles pour circonscrire les périls qui pointent à l’horizon.
La Libye n’étant pas tout à fait sous contrôle, il y a lieu de s’en émouvoir également. La rencontre entre le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, et la ministre d’Etat aux Affaires de la femme au Gouvernement libyen d’Union nationale, Houria Khalifa al-Turman, qui a effectué une visite de travail en Algérie, a abordé la question de cette sortie de crise.
Car il faut bien s’entendre que depuis la rencontre d’El Mangoush en Italie avec un officiel israélien, son homologue Elie Cohen, il y a une crise de confiance dans l’air. Même en Libye, la vie politique en a été plombée.
Le drame de Derna est venu à temps pour en détourner l’attention, mais si rien n’est fait dans l’immédiat, la Libye, notre voisin immédiat du Sud‐Est, n’aura pas quitté la zone rouge de sitôt et pourrait affecter la sécurité nationale de son voisinage, d’autant qu’un certain maréchal Khalifa Haftar est en train de se déplacer de zone en zone entre la Cyrénaïque et le Fezzan, dans le cadre de ses menées souterraines.
Un voisinage en crise, voilà les défis sécuritaires que la région pose à l’Algérie, et qu’il faudrait résoudre sans perdre plus de temps.