un projet de règlement relatif aux bureaux de change vient d’être élaboré. Il s’agit d’un texte d’application de la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit. Les bureaux de change qui seront ouverts sont destinés aux résidents, c’est‐à‐dire aux citoyens algériens et étrangers qui résident en Algérie.
Le champ d’intervention de ces bureaux de change sont les opérations de change liées, rapporte t‐on, à l’allocation voyage, les dépenses de scolarité et de santé à l’étranger, les missions.
Ces bureaux de change se substituent aux guichets bancaires qui actuellement effectuent ces opérations. « S’agissant par exemple de l’allocation voyage, les guichets bancaires sont débordés en raison des documents papiers dits de « reporting » des opérations que doivent remplir les agents. Une procédure qui demande du temps » explique Nabil Djemaa, spécialiste financier.
L’ouverture des bureaux de change faciliterait ces opérations qui prennent du temps actuellement. « Supposez que 100 clients arrivent avec leur passeport dans un guichet bancaire, il faudra quelques jours pour certaines agences pour faire ce « reporting » , d’où la réticence des agents à faire ce genre d’opération » ajoute‐t‐il. Parfois, des agences refusent de faire ce genre de change le jour même.
Ainsi, si les bureaux de change qui seront ouverts seront plus efficaces, ce service sera ainsi plus rapide. L’ouverture prochaine des bureaux de change met fin à cette attente qui a duré de nombreuses années.
Le spécialiste indique de 46 dossiers d’agrément pour l’ouverture de bureaux de change ont été déposés. Mais aucun agrément n’a été délivré. La question qui se posait est de savoir comment alimenter en devises ces bureaux de change. L’autre problème est quel niveau de commission peut prendre ces bureaux de change. La Banque d’Algérie n’a pas arbitré. Les bureaux de change n’ont donc pas ouvert.
Selon Nabil Djemaa, il est fort probable que les agréments pour l’ouverture des bureaux de change soient attribués uniquement à des sociétés publiques. Au chapitre gris, notons que l’Algérie n’en est pas encore à la convertibilité du dinar, en ce sens que les citoyens ne peuvent échanger des dinars contre des devises dans des bureaux de change.
« Le dinar n’est pas convertible », souligne Nabil Djema. Il faut savoir que la convertibilité du dinar est autorisée en Algérie pour les opérations du commerce extérieur, comme les importations. A une certaine limite, le dinar est également convertible pour l’allocation voyage, les dépenses de santé et d’éducation, les missions à l’étranger.
Les citoyens trouvent que le montant de cette allocation touristique est très faible, en comparaison avec le Maroc et la Tunisie : moins de 100 euros contre près 4000 euros au Maroc et 1800 euros en Tunisie. Si l’Algérie s’alignait sur le Maroc et la Tunisie, il faudrait consacrer 40 milliards de dollars à cette allocation touristique , lance Nabil Djemaa.
L’Algérie n’a pas aujourd’hui les moyens. Il faudrait que le tourisme en Algérie soit assez développé comme en France ou en Espagne du moins attirer au moins 20 millions à 40 millions de touristes par an. Ce qu’il faudra au moins dix ans pour arriver à cette performance.
L’autre possibilité qui ouvre la voie à une convertibilité du dinar est une augmentation conséquente des exportations hors hydrocarbures: à 15 à 20 milliards de dollars minimum par an. On en est donc loin de cette convertibilité totale du dinar.
Solution envisagée dans les années 2000 pour parer à cette situation: déterminer le montant de l’allocation touristique en fonction du salaire et l’accorder une fois par an et pendant les vacances, préconise Nabil Djemaa.
Tout cela montre que le marché noir de la devise aura de beaux jours devant lui tant que les recettes touristiques en devises ou les exportations hors hydrocarbures n’atteignent pas un certain seuil.