Les attaques du Hamas à l’intérieur de la bande de sécurité qui entoure et enferme la bande de Gaza aura révélé des failles inconnues jusque‐là dans le système de défense israélien.
A commencer par les failles militaires et technologiques, car, tenez‐vous bien, on parle d’une soi‐disant plus forte armée du Moyen‐Orient et de la plus forte High‐Tech du monde.
Pegasus, Elbit, Israel Aerospace Industries, geeks, Unité 8‐200, etc. sont bel et bien des outils du Mossad, mais ils ont lamentablement échoué. Au point de faire dire à la Maison‐Blanche que les Américains eux‐mêmes ont été pris de court par la nature subite et imprévisible des attaques palestiniennes.
Depuis la prise d’otages de Berlin de 1972, le pire cauchemar que les Israéliens redoutaient depuis cette date était d’en revivre un autre. Maintenant, c’est fait. Ils vont devoir le vivre, avec un format pire que tout ce qui a existé jusque‐là, puisqu’on parle de près de 200 otages entre les mains des Brigades Al Kassam.
Les attaques sur motos et sur aéroplanes, les kidnappings dans les kibboutz et à Sderot, le modus operandi et le succès de l’opération ont mené les Israéliens à faire le constat sans appel d’un trou béant dans leurs services de renseignement.
Hier encore, des membres du Hamas étaient même présents dans les rues d’Ashkelon, signe que la stupeur et le sentiment de panique ont changé de camp. Un autre aspect de cette journée historique – car elle restera dans la mémoire– c’est la faille béante du renseignement.
Comment les Brigades Al‐Qassam, cette branche armée du Hamas, ont‐elles pénétré dans les territoires occupés avec cette déconcertante facilité ? On les voit franchissant les lignes de séparation sur motos, autos et deltaplanes. Comment un tel vide a‐t‐il pu se produire ? Où était Tsahal ?
Le Hamas a‐t‐il ouvert la boîte de Pandore pour dire au monde que cette armée n’est pas celle constamment surestimée dans les médias mainstream ?
Maintenant, même si Tel Aviv va bombarder «à l’aveuglette», comme elle le fait après chaque incursion du Hamas, la bande de Gaza, Israël ne peut qu’être perdant, parce que, dans l’autre camp, il y a des otages israéliens, et Israël est passé pour être le champion de la protection de ses ressortissants. Toute surenchère de sa part les exposera à la mort subite.
Mais, pour le moment, le Hamas a sa propre politique : les otages israéliens fonctionneront comme une puissante «monnaie d’échange». Le Hamas n’en n’est pas à son premier coup de maître : l’organisation palestinienne a déjà eu recours à cette méthode avec le succès que l’on sait en juin 2011.
À l’époque l’État hébreu avait relâché 1 027 détenus en échange du soldat franco-israélien, le sergent Gilad Shalit, détenu dans la bande de Gaza. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre de l’entité sioniste, devra à un moment donné ou à un autre, une fois les premières représailles lancées, tenir compte de la présence d’otages à Gaza et subir la pression des doléances de leurs familles.
Il est trop tôt pour évaluer le champ d’action des attaques du Hamas et leurs conséquences sur toute la région, voire sur les relations avec le monde arabe, le processus de normalisation lancé (le Maroc en vit déjà les contrecoups) et surtout, le potentiel rapprochement qui devait prendre forme avec l’Arabie Saoudite.