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Les ménages consacrent 5% seulement de leurs revenus à leur santé

Les conclusions d’une étude, élaborée par Ahcène Zehnati, économiste de la santé, directeur de recherche au CREAD sur les dépenses de santé en Algérie, montrent que les dépenses de santé en Algérie sont en forte progression.

Le citoyen dépensait en 2000, 62 dollars en moyenne pour sa santé. En 2020, il dépense 215 dollars. Par rapport au PIB, elles se situaient à 6,3% en 2020 contre environ 3% en 2000.

Ces dépenses se situent en deçà de la moyenne mondiale : 7% par rapport au PIB et 1 208 dollars par habitant. Autre chiffre révélateur de cette progression : les dépenses de santé en Algérie s’élevaient à 1300 milliards de dinars, l’équivalent de 10 milliards de dollars en 2020.

Elles sont appelées à augmenter, écrit l’économiste, pour atteindre 3 068 milliards de dinars, l’équivalent de 22 milliards de dollars en 2030. Ce qui pose le problème de la soutenabilité ou du financement de ces dépenses à moyen et long terme.

Concernant la part des dépenses de santé dans la consommation des ménages, en zone urbaine, l’alimentation et les boissons représentent 40%, la santé et l’hygiène corporelle 5%, l’éducation, la culture et les loisirs 3,6%. En zone rurale, l’alimentation et les boissons représentent 45%, la santé et l’hygiène corporelle 4,3 % et l’éducation, la culture et les loisirs 3,7 %.

Chaque ménage dépense en moyenne 3 000 dinars par mois. La dépense est 6 500 dinars par tête annuellement en zone urbaine. Cela donne une idée sur le niveau de revenu de la majorité des ménages en Algérie.

AUGMENTATION EXPONENTIELLE DES COÛTS DE SANTÉ

Cette situation des dépenses montre également un déséquilibre structurel du système de sécurité sociale. En effet, le directeur de recherche
au CREAD cite deux ratios : le ratio cotisants/inactifs et actifs non cotisants est de 1/5. Une personne donc paie ses cotisations pour 5 non-cotisants.

Par rapport à la population totale de l’Algérie, soit 44 millions d’habitants, le rapport des cotisants est de 1/7. A la CASNOS, en particulier, sur 1.940.234 affilés, seulement 919.078 paient leurs cotisations. L’expert note qu’il y a eu suppression du recouvrement forcé dans le cas de la Casnos.

Concernant la situation financière de la CNAS et de la CASNOS, la première enregistre en 2021 un déficit de 20 milliards de dinars et un excédent en 2022 de 33 milliards de dinars. La seconde affiche de légers excédents : 5,67 milliards de dinars en 2021 et 6,9 milliard de dinars en 2022. Ce qui montre la fragilité financière de ces caisses.

Ahcène Zenati relève, en outre, le poids croissant du médicament dans les dépenses de santé. En 2020, en effet, les dépenses médicament représentaient 215 milliards de dinars contre 19,5 milliards de dinars en 2000, 94,5 milliards de dinars en 2010 et 205 milliards de dinars en 2018.

En outre, l’assurance sociale finançait les hôpitaux à hauteur de 102 milliards de dinars en 2022, contre 35 milliards de dinars en 2005. Le budget de la santé, ajoute l’expert, avec 681 milliards de dinars, ne représente que 4,9% de l’ensemble des budgets ministériels, selon la loi
de finances 2023.

Les dépenses transferts pour soins à l’étranger sont en revanche restées relativement stables : 1,9 milliard de dinars en 2000, 2,7 milliards de
dinars en 2005, 1,3 milliard de dinars en 2018 et 1,2 milliard de dinars en 2020.

Dans ses conclusions, l’expert note l’implication de plus en plus forte des ménages dans les dépenses de santé, d’où le risque d’appauvrissement. Ne rien faire veut dire, ajoute-t-il, aller vers de gros déficits du système de sécurité sociale. Il relève l’augmentation exponentielle des coûts de santé.

Le spécialiste face à cette situation préconise l’augmentation des fonds publics destinés à la santé, le développement de l’assurance santé complémentaire, le partenariat publicI privé, alternative aux modèles de financement conventionnels.

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