La construction du mythe fondateur des services de renseignements sionistes vient de subir un grave préjudice, et il n’est que de constater le coup de froid entre le Premier ministre d’Israël et le patron du renseignement pour s’en convaincre. L’échec a été cuisant et les retombées vont être désastreuses. Mais que fera Israël alors ? Le géopolitologue OUSSAMA BOUCHEMAKH nous en dit plus.
Le 7 octobre, Israël a subi la plus grande défaite stratégique depuis sa création, suite à une infiltration majeure à tous les niveaux sécuritaires, militaires et de renseignement, par un groupe de résistance qui vit dans une bande étroite et assiégée depuis 17 ans. Le renseignement israélien pensait que tous les détails de la vie quotidienne de ses habitants y étaient exposés sous ses yeux.
Mais ce qui s’est produit a prouvé le contraire: une percée sans précédent qui a déconstruit de longues années de propagande israélienne par laquelle elle s’est présentée dans la région et dans le monde comme une force invincible.
LES EXPERTS EN STRATÉGIE ONT TENTÉ DE PRÉSENTER PLUSIEURS SCÉNARIOS CONCERNANT LA GESTION DE LA BANDE DE GHAZA
Le scénario à la Stalingrad (siège) : La poussée collective de l’Occident, menée par les États‐Unis, pour apporter un soutien strict, ferme et sans lignes rouges à Israël, a pour objectif principal, avant tout, de confirmer l’hégémonie de cet Occident. La fermeté et l’intensité signifient que tous les alliés de l’Occident dépendants de la sécurité la soutiendront – l’entité sioniste : « Ils ne peuvent pas compter sur elle, et cela encourage d’autres parties internationales à défier davantage l’hégémonie occidentale.
Avec la possibilité que la guerre s’étende pour devenir régionale, et peut‐être s’étendre à plusieurs autres régions en feu à travers le monde, et à partir de cette logique politique et non militaire, les résultats de la bataille de Ghaza, et ce qu’elle entraînera, remodèleront la situation. La région et l’équilibre des pouvoirs sont similaires à ceux de la bataille de Stalingrad, et son importance semble plus grande que celle de Gaza et d’Israël lui‐même.
Le scénario de Beyrouth (reddition) : Ce scénario, qu’Israël a mis en œuvre à l’ouest de Beyrouth lors de son siège en 1982, coïncide avec l’objectif déclaré de l’opération, qui est d’éliminer le mouvement Hamas dans la bande de Ghaza, car elle implique, comme dans le cas libanais, de contraindre les leaders de la résistance à quitter la bande de Ghaza et fuir à l’étranger.
Le scénario de Falloujah (invasion) : Il existe de nombreuses similitudes entre Ghaza et Falloujah, au niveau du soutien et de l’incubation populaire qui rejette l’occupation, ainsi qu’au niveau de certains axes géographiques et du type d’armement. Mais ce qui nous met en garde contre la répétition du scénario de Falloujah, c’est la leçon des pertes américaines qu’ils ont subies à la suite du projet d’entrer dans Falloujah pour le contrôler, qui consistait en un intense bombardement aérien et d’artillerie pendant plusieurs jours, puis en progressant par voie terrestre.
Le scénario à la Somalie (retrait) : les États‐Unis avaient envoyé environ 30 000 soldats dans la capitale Mogadiscio, sous l’égide des Nations Unies, pendant la période de sécheresse (1992/1993). Elle a annoncé qu’elle interviendrait humanitairement pour faire face à la sécheresse et à la famine, et l’armée américaine pensait qu’une intervention militaire en Somalie serait une tâche facile et rapide, comparée au succès retentissant de l’expulsion de l’Irak du Koweït en 1991, mais elle s’est finalement avérée qu’il s’agissait d’un dilemme militaire.
Le scénario de la solution carthaginoise : après un siège qui dura trois ans (149‐146 av. J.‐C.), les Romains purent prendre d’assaut la ville de Carthage, dont les habitants étaient épuisés par la faim et la fatigue. La prise commença au mois d’avril, après l’achèvement de la ville du processus de remblayage de terre et d’enrochement pour le port de commerce»
